Saint-Jacques | Un festival pour mettre la culture gitane à l’honneur

Un quartier que le musicien, aussi président du comité d’animation de la place du Puig, figure de la communauté, connaît comme sa poche. Mambo a trouvé un fidèle acolyte en la personne de Benjamin Barou-Crossman. Le comédien et metteur en scène mène des actions culturelles dans le quartier depuis plusieurs années. C’est en 2019 qu’il rencontre Mambo, à l’occasion de l’atelier Perpy Comédie qu’il réalise avec des habitants de Saint-Jacques.

L’alchimie prend rapidement, si bien que Mambo lui demande de l’aider à lancer un festival de culture gitane qui partirait de la base. « L’événement est né de cette volonté de montrer que les gitans peuvent porter un projet qui part d’eux, d’égal à égal avec un payo (non gitan). Notre duo permet de casser les a priori. », souligne le directeur de la compagnie TBNTB, qui vit entre Paris et Perpignan.

À Mambo, musicien professionnel, la partie musicale, avec plusieurs concerts de jeunes du quartier et de groupes locaux (et de Barcelone) prévus le samedi soir à la Casa musicale (prévoir 10€ le billet d’entrée). Une rencontre avec le luthier Paul Orell de la place du Puig est aussi prévue. À Benjamin la partie théâtrale, avec une création « Romancero Gitano » tirée de l’œuvre de Federico Garcia Lorca le samedi soir au Palais des Rois de Majorque (entrée gratuite), qui mettra en scène entre autres Roberto Saadna et le musicien Titi Robin.

Des expositions de photos seront aussi visibles. Le vendredi, un débat aura lieu au bar l’Atmosphère à propos de la culture gitane, en présence de la directrice du mémorial de Rivesaltes Céline Sala-Pons. Une discussion pour « casser les préjugés », selon Benjamin, qui souhaite qu’avec ce festival « les gitans puissent se réapproprier leur histoire par l’art ». Mambo ajoute : « On est connu surtout pour la musique, un peu comme les bouffons du roi. Mais il n’y a pas que ça, on est aussi capable de faire un débat, des expositions… »

Celui qui a vécu dans son enfance au sein de peuplades aborigènes en Australie et au Tibet assure « s’être reconnecté au monde de son enfance ». « Là-bas, l’art est relié à l’existence. Avec les gitans, quand je suis au quartier, c’est pareil. Ils sont tous plus ou moins chanteurs et cet art part du quartier, il n’est pas dans un musée. Il y a quelque chose de social mais au sens noble du terme, ‘relier les gens’ ».

Des moments partagés qui l’ont aussi nourri dans sa propre pratique du théâtre. « Ça m’a donné le courage d’assumer qui je suis. Je me suis senti à ma place, ça m’a permis dans mon travail de metteur en scène et de comédien de rajouter de la danse, de la musique. Dans le spectacle, la musique est au même niveau que le texte, pas en soutien. »

L’évènement est soutenu par la Région, le Département et l’État. Selon les organisateurs, la recherche de subventions a été un parcours semé d’embûches. Outre les stéréotypes auxquels ils disent avoir été confrontés, leur festival s’est retrouvé en concurrence avec un autre projet de festivités autour de la culture gitane voulue par la mairie de Perpignan, mais dont la date n’est pas encore connue.

Pour cette première édition du festival « D’a Saint Jaume Sem ! », Benjamin et Mambo espèrent attirer le plus de monde possible, payo et gitans, pour faire se rencontrer deux mondes qui coexistent le plus souvent sans se rencontrer. « Je défends un art populaire, souligne Benjamin. L’art c’est de pouvoir toucher tout le monde. » Mambo lui pense déjà à organiser une seconde édition.