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Sécheresse l Le Ministre de l’Agriculture Marc Fesneau rencontre les agriculteurs

Article mis à jour le 12 novembre 2023 à 23:10

Alors que les Pyrénées-Orientales connaissent une sécheresse historique et que des mesures de restriction d’eau devraient être annoncées le 9 mai, le Ministre de l’Agriculture Marc Fesneau est venu à la rencontre des agriculteurs du département pour les rassurer sur le soutien de l’État.

Ce samedi 6 mai, le Ministre s’est dit conscient de la situation de crise que vivent les exploitants agricoles du département. «Nous devons gérer cette situation comme une crise. Comme nous avons géré la crise Covid. (…)  Cela veut dire qu’on doit être rapide, on doit être fluide, on doit simplifier les choses !»

En quelques heures, Marc Fesneau aura fait le tour du département pour prendre la mesure de la diversité des territoires et surtout des cultures en terres catalanes. Après une réunion matinale à la chambre d’agriculture, le Ministre s’est rendu chez Guy Banyuls qui cultive abricotiers et vignes à Espira de l’Agly. Marc Fesneau a également fait le tour du Mas Cap Ayre à Ille-sur-Têt, avant de plancher sur la prévention de la lutte contre les incendies sur le massif forestier de Camelas à Corbères-les-Cabanes.

Sans eau, il ne peut y avoir d’agriculture selon Marc Fesneau

Le Ministre a été particulièrement marqué par l’état de sécheresse des abricotiers de Guy Banyuls. Les arbres sont chargés d’abricots que l’on imagine biens murs dans quelques semaines, or, la réalité est toute autre. Certaines feuilles jaunies trahissent déjà le stress hydrique subi par l’arbre. À proximité de l’Agly à sec, Guy Banyuls puise l’eau dans plusieurs forages. Certains sont asséchés, quand les autres, à défaut de pluie le seront dans une quinzaine de jours.

Selon Frédéric Jonca, également vigneron et arboriculteur sur le plateau d’Espira, le fruit s’est fait ; mais sans eau, il va fatalement flétrir. Et la question se pose de savoir s’il est possible de sacrifier la récolte pour sauver l’outil de production. «Même si on fait tomber les fruits, sans eau l’arbre ne survivra pas. Et de toute façon, je n’ai pas les moyens de faire tomber les fruits, parce que c’est un travail colossal», précise Frédéric Jonca.

Guy Banyuls a presque déjà fait une croix sur la récolte 2023. Il s’inquiète déjà de savoir comment préserver ses abricotiers, même s’il a peu d’espoir. Et quand bien même, il devrait replanter de jeunes plants, comment faire sans récolte pendant cinq ou six ans ? «Nous n’avons jamais connu une catastrophe d’une telle ampleur. Que vont-ils mettre en place pour nous aider à passer ces années à blanc ? Même nous, on ne s’était jamais posé cette question !»

Marc Fesneau s’interroge également. «Perdre une récolte, ça arrive, mais perdre une culture complète c’est plus rare.» Le ministre et ses équipes entendent plancher sur ces besoins spécifiques qui pallieraient la perte des arbres et des revenus nécessaires pour compenser la période de pousse des nouveaux plants.

À Ille-sur-Têt, entre stratégie d’irrigation et diversification des cultures

Après plus de trente kilomètres, le ballet de voitures officielles se gare à proximité du Mas Cap Ayre à Ille-sur-Têt. Ici, comme le dit l’exploitant Monsieur Carrère, on peut encore sauver la récolte grâce à l’apport d’irrigation des canaux qui amènent l’eau de la Têt. Mais cette eau retenue en amont par le barrage de Vinça manque aussi cruellement. Le Préfet rappelle que l’ouvrage qui contient habituellement 20 millions de m3, n’en contient plus que neuf ! Au bord du canal qui passe par l’exploitation, Fabienne Bonet, présidente de la chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales montre sur son téléphone le tableau qui arbitre les droits d’usage de l’eau. La représentante des agriculteurs fait remarquer au ministre que certains adhérents n’ont accès à l’eau que deux fois par mois. «Nous sommes sur une vraie planification de la rareté !»

À Ille-sur-Têt, le ministre a également parlé maraîchage. Selon, Bruno Vila, président du principal syndicat agricole dans le département, certains arboriculteurs ont décidé de se diversifier en plantant du concombre. Un fruit qui pousse en moins d’un mois, et qui permet de sécuriser les trésoreries. Dans la serre, les plants de concombre arrosés le matin même sont en fleur. De l’autre côté du chemin, les artichauts du Roussillon qui mesurent plus d’un mètre de haut. Ludovic Combacal, président des artichauts du Roussillon, s’inquiète. «Dans 15 jours, il faudra commander les plants. Que fait-on ? Doit-on passer commander ? Pourra-t-on arroser les cultures au mois d’août ?». «Je ne peux pas vous d’ire qu’il faut arrêter de planter, cela équivaudrait à arrêter l’agriculture. Je ne connais pas un truc qui pousse si on ne l’a pas planté avant», répondra le ministre.

«Tout le monde doit faire des efforts, et les agriculteurs en font beaucoup».

Mardi 9 mai, Rodrigue Furcy, Préfet des Pyrénées-Orientales, doit annoncer les mesures liées au passage en niveau d’alerte maximum. Alors que les autorisations d’arrosage sont limitées à 50%, le passage en situation de crise sécheresse aurait pu être synonyme de fermeture des robinets pour tous les agriculteurs des secteurs de l’Agly et de la Têt. Selon les propos du Préfet, si la décision n’est pas encore finalisée, tout porte à croire que des dérogations seront accordées pour «maintenir un filet d’eau minimum.» Le Ministre rebondit, «si on disait on ferme l’eau, ça veut dire qu’au fond, on fermerait l’agriculture !». Selon Marc Fesneau, «tout le monde doit faire des efforts, et les agriculteurs en font beaucoup».

Vers une indemnisation des pertes et une anticipation du moyen et long terme

Le mot crise est dans la bouche de tous, agriculteurs, élus, syndicats, mais tous anticipent déjà une nécessaire adaptation après cette période de sécheresse aiguë. Fabienne Bonet met en avant une nouvelle gestion de l’eau ainsi que la création de nouveaux ouvrages. «On a besoin d’ouvrages complémentaires et nous ne pouvons pas attendre dix ans avant qu’ils voient le jour.» Les agriculteurs rencontrés ont également tous pointé du doigt la gestion des barrages, souhaitant une gestion partagée dans la décision des lâchers d’eau. Selon les agriculteurs, il faudrait retenir l’eau pour les usages humains et ne pas la laisser filer à la mer.

En leur nom, Fabienne Bonet plaide aussi pour que les Pyrénées-Orientales deviennent «un département pilote, comme une préfiguration de ce qui va se passer ailleurs. Il faut que vous donniez les moyens pour débloquer les choses sur les sujets tels que la réutilisation des eaux usées, le stockage de l’eau, le maillage, le soutien à nos canaux.»

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