Article mis à jour le 8 septembre 2022 à 14:00
St Jacques, quartier historique de la ville de Perpignan, cumule de nombreux handicaps, des difficultés sociales et économiques. Il est l’un des 200 quartiers classés « d’intérêt national » par l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU) depuis décembre 2014.
« Des difficultés hors normes » selon Olivier Amiel, adjoint à la politique de la ville de Perpignan
L’ingénieur du ministère de l’Environnement, Pierre Narring a rendu son rapport en vu du lancement du programme de rénovation urbaine qui débute en janvier 2017 pour 10 ans. Un constat justifiant le budget considérable alloué par le programme de la politique de la ville.
- Taux de chômage supérieur à 83%, 90% chez les jeunes et une espérance de vie réduite de 10 ans par rapport au reste de la ville. Et un revenu médian annuel par habitants, avant prestations sociales, inférieur à 2.500€ (source Observatoire des Sociétés).
- « Des murs en terre qui comptent jusqu’à 5 étages alors qu’il ne devaient en avoir que un ». Précisait Bernard Cabanne architecte qui a longtemps travaillé sur le secteur. Il était interrogé par l’indépendant lors de l’effondrement, en juin 2014, d’un immeuble rue des Farines.
- Moins d’un enfant sur 2 scolarisés et seulement 25% de manière assidue. L’étude menée en 2007 par le sociologue, Jean-Louis Olive de l’université de Perpignan, « Les gitans sur le marché scolaire » , parue aux Presses Universitaire de France nous apprend :
« À La Miranda, sorte d’école ghetto dans un quartier ostracisé, lieu d’exception à la loi scolaire de territorialisation, l’absentéisme atteint les trois quarts de l’effectif potentiel »
M Rouquette, inspecteur d’académie, « Il est difficile d’apprendre à lire à des enfants qui ne sont pas présents en classe ! ». Malgré la création en 2006 de l’école adaptée de la Miranda, les résultats se font attendre avec un absentéisme de 60 à 80%. « Parfois les mères sont totalement débordées par des histoires personnelles dramatiques et des mariages parfois dès l’âge de 13 ou 14 ans… À la miranda on travaille pour les générations futures, afin que les jeunes filles soient moins méfiances vis-à-vis de l’institution et scolarisent leurs enfants quand elle deviendront mères » déclarait l’inspecteur d’académie lors d’une visite de la ZSP, Zone de Sécurité Prioritaire.
« La politique des petits pas »
Des actions d’envergure avec un investissement conséquent de l’État qui contrastent avec la politique des petits pas évoquée récemment par Josiane Chevalier ancienne préfète du département. 5 milliard de financement global, L’État par l’intermédiaire de l’ANRU financera la rénovation urbaine mais pas seulement. La loi met en place un contrat de Ville unique : il s’attaquera dans un même cadre aux enjeux de cohésion sociale, de renouvellement urbain et de développement économique.
Olivier Amiel, commentait l’avancée des projets avec la concrétisation d’une partie des objectifs. Grâce notamment à « l’envie de réussir à changer enfin à changer l image de la ville et du quartier ».
« Résorption de l’habitat insalubre rue de l’anguille : on sera intervenu pour 2millions d’euros Ré-ouverture de la rue de l’anguille mi-juillet : nous avons sécurisé et acheté 15 immeubles » (la rue de l’Anguille avait été fermé et les immeubles évacués suite à la menace d’effondrement en décembre 2014). Les orientations politiques ont changé, avant nous étions sur de la réhabilitation désormais c’est de la restructuration ».
Jean-Marc Pujol précisait « J’ai préféré acheter le maximum d’immeubles pour pouvoir travailler l’ensemble de l’îlot. Coût total des travaux rue de l’Anguille 1m9€ financés à 70% par l’Agence Nationale de l’Habitat (ANAH)
Pour le volet rénovation urbaine : la concertation avec les habitants du quartier
Le programme ANRU prévoit également l’engagement des habitants dans le projet de restructuration. Cette concertation est pilotée par l’atelier de l’urbanisme, association présidée par Patrick Baudu. La carte de Gulliver sera accessible du 5 au 11 juin à l’atelier de l’urbanisme-45 rue Rabelais-Perpignan. Une carte de 8X5 mètres permettra à chacun de se projeter les rénovations, les changements qu’il voudrait voir apparaitre dans son quartier.
Cette action a déjà été menée de nombreuses fois à Perpignan, le moulin à vent, ou dernièrement sur le quartier du Vernet. Les habitants y ont participé avec beaucoup d’enthousiasme et très nombreux, résultat : plus de 150 annotations faites par les habitants.
Une synthèse qui fait apparaitre des problématiques récurrentes
Vitesse excessive des véhicules, propreté, manque de stationnement, manque d’espaces verts…. Les préconisations : enfouissement des conteneurs des ordures ménagères, création de stationnement, implantation d’un marché ou encore interdiction de la vente d’alcool après 22H.
- Un diagnostic en marchant sur l’axe structurant du centre historique, et
- Une marche urbaine afin de permettre à chacun des acteurs de se constituer un socle commun sur les caractéristiques des sites et les orientations d’aménagement retenues.
« Ce qui compte le plus c’est d’avoir l’avis de l’ensemble des habitants y compris par du porte-à-porte. Avec tous ces outils on aura touché tous les habitants pour avoir leur souhaits, leur voeux », précisait Olivier Amiel.
Des dossiers déjà bien avancés
Comme l’installation prochaine d’une partie de l’université de Perpignan au coeur du quartier St Jacques. Depuis plus d’un an déjà, l’université occupe une partie de l’université originelle qui se trouvait rue du Musé. Désormais les travaux d’aménagement, d’agrandissement et de construction ont débuté. Ils verront sortir de terre un complexe alliant la modernité et la tradition qui devrait accueillir dès la rentrée 2017 plus de 500 étudiants. Une redynamisation et un changement d’image.
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