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Affaire des Grizzlys Catalans | L’opposition perpignanaise se prend les crampons dans la pelouse

Grizzlys Catalans Black Panthers Elite 2020 football américain

Article mis à jour le 11 janvier 2022 à 15:49

Maître Aliot sur un arbre perché tenait dans son bec un possible gaspillage. Maître Parrat par l’odeur du scandale alléché lui tint à peu près ce langage. « Cette fameuse équipe de Grizzlys… si t’en est qu’elle existe effectivement ! ». Jeudi dernier, lors du conseil municipal de la ville de Perpignan, Maître Parrat s’est lancé au nom de l’opposition dans une longue tirade fustigeant le club de football américain des Grizzlys Catalans.

Une envolée sarcastique qu’il conclut par une nième moquerie sur un club selon lui embryonnaire « aux ambitions intéressantes certes mais démesurées ». Décryptage sur une série de contre-vérités dégaînée en direct sur les réseaux sociaux (à 2h37 sur la vidéo Youtube).

♦ Les Grizzlys Catalans, un club fantôme ?

Méconnaissance du dossier, simple manque d’intérêt pour le sport, ou les deux réunis ? Maître Parrat et l’opposition sont, semble-t-il, tout simplement passés à côté de LA success story sportive de la décennie sur notre territoire. Créés en 2012 en terres salanquaises, les Grizzlys ont réalisé l’exploit sportif de gravir cinq divisions en cinq ans pour évoluer aujourd’hui en Élite 1 ; un championnat supervisé par la FFFA (Fédération Française de Football Américain). Pour situer son niveau, cette compétition est l’équivalent du Top 14 ou de la Super League en France pour ce sport venu d’outre-atlantique.

Les Grizzlys joueront à partir du mois de Février dans la poule de Marseille, Toulouse, Montpellier, Grenoble et Aix-en-Provence.

Le club est accueilli depuis 2021 dans les infrastructures du Parc des Sports au moulin à vent ; d’où la convention de partenariat entre la ville de Perpignan et l’association des Grizzlys Catalans soumise au vote lors du conseil municipal du jeudi 4 novembre.

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♦ « On n’a pas trop l’habitude ici de connaître le football américain »

C’est le moins qu’on puisse dire… Et pourtant, si on creuse au-delà des « quelques petites recherches » que confie avoir effectuées le conseiller municipal, on découvre que le football américain est un sport en pleine expansion en France.
Dans un communiqué de presse, Laurent Aliu, président des Grizzlys Catalans, se dit « choqué par les propos tenus par M. Pierre Parrat (…) méprisants à notre encontre et de manière générale le Football Américain en France. »

Le fondateur du club revient sur l’essor de ce sport porté par une équipe nationale championne d’Europe en 2018 . « La France dispose de 5 divisions (3 Nationales et 2 régionales) avec 225 clubs pour plus de 23000 licenciés ; chiffres de 2019. À titre de comparaison avec un sport bien connu sur le département, le Rugby à XIII disposait de 153 clubs et 20 860 licenciés en 2018. » Autre référence quantifiable ? Le Superbowl, événement majeur outre-Atlantique, a été suivi en France par 563.000 téléspectateurs en 2020.

♦ « Ça me laisse penser qu’il n’y a pas beaucoup de joueurs locaux dans cette fameuse équipe de Grizzlys »

Allez, ce sera un simple avertissement pour cette déclaration. La fédération française impose un maximum de 5 sportifs étrangers (2 nord-américains et 3 européens pour être précis) sur 53 joueurs que compose une équipe. Bien moins donc que le Top 14 où une moyenne de 13 joueurs étrangers qui évoluent sous le même maillot comme le rappelle Laurent Aliu.

D’où la volonté de la fédération française et l’implication du club catalan auprès des jeunes du territoire via un centre de formation ; avec pour objectif de leur permettre d’allier études et sport à haut niveau. Ce projet territorial a d’ailleurs fait l’objet de partenariats cette année avec l’Université de Perpignan et certains lycées de Pyrénées-Orientales tels que Pablo Picasso (Perpignan) ou Rosa Luxembourg (Canet-en-Roussillon). 

Un moyen peut-être aussi de conserver des joueurs à fort potentiel et d’éviter que les talents locaux soient contraints de s’exiler vers les grandes métropoles du Sud pour vivre leur passion. Un phénomène qui a encore récemment fait couler beaucoup d’encre du côté du ballon ovale avec les ambitions toulousaines prêtées à certains.

Maître Parrat souhaite attribuer l’argent public « à des gens qui le méritent ». Il passe curieusement sous silence Térence Correia et Victor Pedros, les 2 joueurs des Pyrénées-Orientales appelés en sélection nationale. Ils apprécieront sûrement la valeur accordée au maillot tricolore qu’ils portent et aux sacrifices consentis pour attendre ce niveau d’excellence.

♦ « J’ai appris que dans une équipe de Grizzlys il y avait 11 joueurs principaux et 42 remplaçants soit 53 joueurs ! Vous ne les avez pas ! »

Carton jaune cette fois-ci sur cette affirmation. Maître Parrat n’a malheureusement rien compris aux règles du football américain qui oppose une formation d’attaquants à une formation de défenseurs.

L’équipe à l’offensive dispose de 4 tentatives pour avancer 10 yards soit 9,14 mètres. S’il y parvient, il dispose dans la foulée de 4 essais pour 10 nouveaux yards. En cas d’échec, elle rend la possession du ballon à son adversaire.

De fait, comme toute équipe de football américain, les Grizzlys comptent en réalité 3 équipes : une pour l’attaque, une pour la défense et une équipe dite spéciale ; notamment pour les phases de jeu au pied. Qui plus est, chaque joueur n’évolue qu’à un seul poste. Parmi les plus connus, le fameux quarterback mais aussi coureurs (running back) ou receveurs. Déjà plus d’une trentaine de joueurs dits principaux ; grâce vous est faite des multiples combinaisons possibles de jeu.

Grizzlys Catalans Black Panthers Elite 2020 football américain

♦ « Vous nous demandez 50.000€, ce n’est pas possible. On a l’habitude de voter des subventions pour les clubs de sport »

Apparement l’élu d’opposition méconnaît les pratiques des autres collectivités et n’a pas poussé bien loin ses recherches… Carton rouge sur cette dernière affirmation. La subvention accordée par la ville de Perpignan de 50.000€ malgré le vote « contre » de l’opposition (NDLR 40.000€ pour le fonctionnement et 10.000 pour les Missions d’Intérêt Général MIG en faveur des quartiers prioritaires de la ville de Perpignan en partenariat avec les EAJ de la Ville) coïncide avec les montants accordés aux autres clubs évoluant dans cette première division.

À titre de comparaison, consultations faites des délibérations de la ville et diverses institutions le club d’Aix-en-Provence, un exemple équivalent à Perpignan (142.668 habitants), les Argonautes perçoivent 82.050€ de la ville, 28.000€ du département Bouches-du-Rhône, 12.500€ de la région PACA ; une région qui leur a même attribué un bonus de 2.500€ pour « incitation pratique féminine ». Évoluant pourtant en seconde division, l’équipe de Nice qu’affrontaient les Grizzlys la saison précédente bénéficient de subventions elles aussi équivalentes (80.000€ accordés par la ville).

Pour l’inexistence du club, ses joueurs imaginaires et son public fantôme selon les propos de Maître Parrat, le lecteur appréciera ces quelques photos prises par Made In Perpignan en Salanque depuis 4 ans. Mais aussi une série d’articles consacrés au club lors des différentes saisons.

// L’épopée des Grizzlys Catalans :

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Arnaud Le Vu