Les risques climatiques sont désormais connus et visibles aux yeux de tous : érosion du littoral, sécheresse dans plusieurs départements, températures extrêmes, détérioration de la forêt, déficit hydrique pour l’agriculture… Mais l’inaction climatique ne concerne pas que les ressources naturelles. En effet, d’autres domaines, moins évoqués, sont également touchés. Lesquels ? Comment mesurer cet impact ?
L’inaction climatique : un danger insidieux pour la biodiversité et les écosystèmes
L’IPBES (Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services) indique que le changement climatique est l’une des principales causes de l’érosion de la biodiversité : modification de l’usage des sols et des milieux aquatiques, pollution, surexploitation de la biodiversité et introduction d’espèces envahissantes.
Le changement climatique a déjà des effets sur les écosystèmes métropolitains avec des modifications des milieux qui impactent la structure et le fonctionnement des écosystèmes marins. S’ajoute à cela une vulnérabilité particulière des écosystèmes ultramarins. Les effets vont donc s’intensifier au cours des prochaines années. Malgré le risque avéré, les connaissances sur les conséquences physiques et socioéconomiques engendrées par le déclin de la biodiversité restent faibles.
Les incertitudes pour le secteur électrique
Selon un document de travail France Stratégie, le réchauffement climatique va entraîner une baisse de la consommation de chauffage en hiver mais un recours accru à la climatisation en été. Selon RTE, les économies d’énergie réalisées sur le chauffage permettraient de compenser les dépenses liées à la climatisation à l’horizon 2050.
Les aléas climatiques et la tension sur la ressource en eau pourraient affecter la production nucléaire ainsi que la production hydroélectrique, mais – a priori – de manière modérée. Les incertitudes autour de l’évolution du débit réel des cours d’eau à long terme ne permettent pas de connaître avec certitude le niveau des éventuelles pertes de puissance.
Toutefois, le scénario météorologique identifié comme étant le plus à risque, est le résultat d’un manque de vent associé à une vague de froid sur une grande partie de l’Europe. Ce phénomène, qui pourrait se produire une fois tous les vingt ans, surviendrait donc plutôt en saison froide. Une période moins sujette aux réductions des capacités de production nucléaires et hydroélectriques engendrées par les épisodes de fortes chaleurs couplés à ceux de sécheresses.
Hausse des sinistres liés au climat : un défi croissant pour l’immobilier et le secteur assurantiel
Le changement climatique va avoir des conséquences sur les bâtiments privés et professionnels. D’après France Assureurs, le montant moyen des sinistres liés aux catastrophes naturelles devrait doubler d’ici 2050, passant ainsi de 2,4 milliards d’euros par an sur la période 1989-2019 à 4,6 milliards d’euros sur la période 2020-2050.
Selon l’ensemble des études du secteur assurantiel, le changement climatique serait responsable de l’augmentation de la valeur des sinistres dans 20 à 60% des cas. Les origines des sinistres les plus fréquents seraient la sécheresse, le retrait-gonflement des argiles et les inondations. Le sud-ouest de la France métropolitaine serait la zone la plus touchée par les divers sinistres.
L’avenir incertain des stations de ski en France
Alors que le secteur du tourisme représente une part importante de l’économie, celui-ci pourrait être fortement touché par le changement climatique. C’est notamment le cas pour le tourisme de ski. Pourtant les risques climatiques étaient déjà connus depuis plusieurs années, puisqu’en 2009, l’Onerc donnait une estimation du nombre de stations de ski françaises avec un enneigement considéré comme « fiable » et qui pourrait diminuer de 30 à plus de 60% en fonction du niveau de réchauffement (de +2 à +4°C) selon une étude de l’OCDE.
Une étude plus récente sur les conséquences locales est encore plus alarmiste. Dans les Pyrénées, avec un réchauffement global de +2°C, seules trois stations pourraient bénéficier d’un enneigement naturel. Pire encore, la moitié des stations ne pourraient plus fonctionner avec les critères actuels d’exploitation, même avec de la neige artificielle en soutien. À +4°C, le scénario s’envenime : plus aucune station des Pyrénées et des Alpes ne présenterait un enneigement naturel fiable.
Dans ce cas, seule une vingtaine de stations dans les Alpes pourraient fonctionner, mais avec de l’enneigement artificiel, car l’épaisseur du manteau neigeux en hiver serait réduite de 80%, contre 30% à +2°C. Le tourisme de montagne ne serait pas le seul à être touché face à l’inaction climatique.
Changement climatique et santé publique : impacts croissants et coûts économiques en hausse
Enfin, la santé, domaine extrêmement mis en avant depuis la crise sanitaire, devrait aussi être bouleversée par le changement climatique. L’augmentation des fréquences et de l’intensité des vagues de chaleur aura des impacts sur la santé humaine : fatigue, perte d’attention, sollicitation du système de santé, surmortalité…
Ces évènements ont d’ores et déjà entraîné une surmortalité : +10.700 décès depuis 2015 dont 2.820 en 2022. Le coût cumulé entre ces deux années est estimé entre 16 et 30 milliards d’euros par Santé publique France, auquel il faut ajouter des pertes causées par la restriction d’activité les jours de forte chaleur (6 milliards d’euros).
D’autres risques sanitaires futurs, tels que l’accroissement de la transmissibilité des maladies infectieuses, sont connus mais pas encore quantifiés au niveau national.
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