Article mis à jour le 25 août 2022 à 18:57
Il y a presque un an, en mars dernier, les Français connaissaient leur premier confinement. Tenus de rester chez eux, beaucoup ont dû renoncer à leurs loisirs habituels ; une contrainte qui leur a permis de (re)découvrir les traditionnels jeux de société. Car nombreux sont ceux à avoir ressorti de leurs placards les plateaux de jeux, les pions, les cartes et leurs dés.
♦ L’explosion des ventes de jeux de société
Grâce aux jeux de société, de nombreuses familles ont passé du temps ensemble et se sont retrouvées autour d’une table plutôt que devant un écran. C’est le cas d’Alain, père de famille dans les Pyrénées-Orientales : « Grâce aux jeux de société, on a pu occuper nos enfants sur quelque chose de commun. Cela nous a permis de nous retrouver et de renforcer nos liens ; bien plus qu’en regardant la télévision ».
Nicholas Vantin, propriétaire de la boutique Sortilèges à Perpignan, confirme ces propos : « Dans une société souvent pointée du doigt pour son individualisme, les personnes apprécient les jeux de société ; car ils permettent d’instaurer de vrais moments de partage où tout le monde prend plaisir à jouer ».
Au moment où la pandémie nous a éloignés les uns des autres, le jeu de société est devenu fédérateur. Selon ce professionnel du secteur, « la Covid-19 a amplifié la croissance du jeu de société en poussant encore plus les gens à s’y intéresser pour s’occuper durant ces moments de confinement ou de limitation d’activités ». Nicholas Vantin constate que « les jeux exclusivement à 2 ont été plébiscités avec cette année particulière ; 7 Wonders Duel ou Mr Jack en sont les plus beaux exemples ». Pour lui, l’explosion des ventes s’explique par « la très grande diversité de jeux de société : jeu d’ambiance, jeu de réflexion, jeu coopératif, jeu d’enquête…. Tout le monde peut y trouver son bonheur« .
♦ Le carton de la série « Le jeu de la Dame » sur Netflix
Historiquement, comme aime à le rappeler la romancière Hélène Legrais, « les Perpignanais adorent les jeux de hasard. Ils se ruinent dans les tafureries dont la plus connue est celle del Toro, de la fontaine, dans le quartier des Tanneries. On y joue aux dés, aux échecs, aux dames, aux billes, aux cartes, on parie sur tout… et on triche bien sûr ! »
Durant le deuxième confinement, la France se passionne pour la fiction historique Le Jeu de la Dame sur Netflix. Incroyable succès télévisuel, la série fait exploser les ventes de jeux d’échecs. L’avenir des jeux de société en général ? Nicholas Vantin semble plutôt confiant : « les gens sont en demande perpétuelle de nouveaux jeux ; les auteurs de jeux rivalisent d’idées pour créer des concepts et des mécaniques toujours plus innovants« . Il rappelle que : « Le jeu de société est devenu un produit culturel au même titre que le livre. Il est aujourd’hui utilisé partout dans les écoles ou les centres de loisirs. Les ludothèques et bars à jeux fleurissent partout sur le territoire ». Un avenir plutôt rassurant.
♦ Le jeu de rôle, une victime de choix ?
Le jeu de rôle fait depuis longtemps partie de la culture mainstream*. Cependant ce type de jeu a, lui aussi, dû faire face aux multiples mesures sanitaires mises en place en 2020. En effet, le jeu de rôle repose sur l’influence de diverses communautés de joueurs qui ont pour habitude de se réunir à l’occasion de parties ou d’évènements divers. Impossible en temps de pandémie. C’était sans compter sur l’ingéniosité de la jeunesse – population la plus amatrice de ce type de jeu – qui a rapidement su s’adapter via des visioconférences et des parties en ligne.
Même après une année 2020 assez particulière, il semble donc que le jeu de rôle ne soit pas en reste. Thomas Bejoran, fin connaisseur des jeux de rôles et actionnaire de l’entreprise spécialisée Black Book à Lyon, confie : « Avec le confinement et avec les week-ends à la maison, beaucoup de gens sont revenus vers le jeu de rôle et le jeu de société en général« . Il poursuit : « Pour Black Book Éditions, qui a souffert de la fermeture des magasins, ça a été le moment de mettre les bouchées doubles sur la boutique en ligne et la vente directe. On a senti un engouement vraiment très fort ; notamment sur tout ce qui est produits dématérialisés. »
♦ L’escape game, le grand perdant face à la Covid-19
En revanche, les lieux d’escape game – jeu d’évasion grandeur nature – n’ont pas eu cette chance. Alors qu’elles séduisaient de plus en plus de joueurs depuis quelques années, ces salles de jeux ont dû fermer leurs portes ; une première fois durant le premier confinement, puis courant octobre. Pour le moment, aucune date de réouverture n’est envisagée.
David Musset, co-fondateur de l’enseigne d’escape game parisienne Hint Hunt, témoignait en mai dernier des conséquences de la fermeture des salles de jeux. « Tout le monde a été impacté de la même manière. Si ça perdure et si la reprise est plus longue qu’espérée ,[…] on s’attend à ce qu’un escape game sur deux soit en cessation de paiements et fasse faillite. C’est un impact énorme pour le secteur.«
*Mainstream ou « courant dominant » est le courant de pensée ou de croyance d’une majorité.
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