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Des centres de soins au refuge de Rémi Gaillard, quelle protection animale en Occitanie ?

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Article mis à jour le 12 avril 2024 à 15:13

Durant la campagne des Régionales, Carole Delga s’était engagée auprès de l’association militante L214 à créer une délégation dédiée à la condition animale. Depuis ce 24 novembre, selon nos informations, c’est Aurélie Genolher qui sera la conseillère régionale en charge de la condition animale. Au-delà de cette délégation, la Région lance son plan NOE, Nature en Occitanie Évidemment. Parmi les mesures de ce plan régional, la création « d’un réseau de centres de soins pour la faune afin de garantir le bien-être animal ».

Sur le terrain, deux partenaires seront à l’œuvre. La Ligue de Protection des Oiseaux qui compte déjà 9 centres de soins en région Occitanie. Et Rémi Gaillard. Le « trublion », très investi dans la protection animale, porte la création d’un refuge de 20 hectares sur la commune de Frontignan. Échange avec Agnès Langevine, vice-présidente en charge du Pacte Vert, et Rémi Gaillard porteur du projet Anymal.

♦ Une élue en charge de la condition animale pour quoi faire ?

Dans un courrier du 15 juin 2021 adressé à L214, Carole Delga s’engageait. « Je souhaite (…) l’attribution d’une délégation « protection animale » à l’un des élus du conseil régional, avec une ligne budgétaire dédiée« . Au niveau national, c’est le ministre de l’agriculture qui est en charge de la « protection animale ». Or depuis de nombreuses années, les associations militent pour la création d’une délégation spécifique afin de mieux défendre le bien-être animal face aux lobbys de la chasse ou de l’élevage intensif. C’est donc Genolher – déjà membre de la précédente majorité régionale – qui portera la protection animale en Occitanie. Lors du précédent mandat, elle était chargée de l’agriculture biologique. Selon Agnès Langevine, cette nouvelle mission sera rattachée à la fois à sa vice-présidence (pacte vert et climat) et à la compétence agriculture de Vincent Labarthe.

Pour le cofondateur de L214 Samuel Airaud contacté ce jour, cette nouvelle délégation est une très bonne nouvelle. « Il s’agit d’un sujet transversal qui va toucher plusieurs compétences. Nommer un délégué à la condition animale est une première étape indispensable. Pour les élus délégués à l’alimentation, la propreté, les seniors, avec la présence des animaux dans les EHPAD, cela crée une personne repère. Pour les citoyens ou les associations, cette nouvelle délégation envoie un signal politique fort. La simple création de cette délégation va lever des blocages« .

L214, via son observatoire politique et animaux, est en cours de recensement sur le travail des municipalités sur la protection animale.

« Nous adressons à toutes les villes de plus de 50.000 habitants une grille qui va nous permettre d’attribuer une note aux communes en fonction de leurs actions en faveur des animaux ». Concernant les régions, si la charte « Une région pour les animaux«  avait été envoyée à chacun des candidats, la grille régionale est en cours d’élaboration.

♦ Un soutien à la Ligue de Protection des Oiseaux et ses 9 centres de soins

Pour Agnès Langevine, le plan NOE vient renforcer le soutien à un réseau déjà existant de centres de soins à la faune sauvage. « Le plan NOE vise aussi à assurer la pérennité des 9 centres de soins déjà existants. Mais aussi à travailler pour développer un maillage territorial plus large« . Selon la vice-présidente à la Région, les centres de soin peuvent accueillir aussi bien les oiseaux blessés qu’un animal saisi par les douanes dans le cadre du trafic d’animaux sauvages.

Au-delà du simple soin apporté aux animaux, Agnès Langevine se dit impressionnée par l’implication des jeunes bénévoles dans ces initiatives.
« Cette implication pourrait ouvrir vers une reconnaissance de compétences, ou permettre dans le cadre du revenu écologique jeune une orientation pour intégrer un parcours professionnel ou des formations qualifiantes ».

Des acteurs tels que la LPO œuvrent aussi dans la médiation avec le grand public, un des objectifs du plan NOE. « Nous avions déjà une stratégie régionale biodiversité co-construite avec les acteurs de la biodiversité en Occitanie. NOE va plus loin. Nous souhaitons une plus grande appropriation citoyenne, avec notamment le grand public, les entreprises, les agriculteurs. L’objectif est que ce sujet interroge notre rapport à la nature« .

♦ Rémi Gaillard et son projet Anymal à Frontignan

Lors de la présentation en conférence de presse de son pacte vert, Carole Delga a rappelé son engagement dans le projet de Rémi Gaillard. Anymal prévoit 20 hectares de liberté pour animaux abandonnés sur Frontignan. Rémi Gaillard fustige les méthodes des refuges type SPA qui mettent les animaux en cage. Ainsi, selon celui qui n’a pas hésité à s’enfermer lui-même dans une cage, certains animaux pourraient rester des années en cage en attendant un éventuel adoptant.

« Moi, je m’inspire de choses que j’ai vues notamment au Costa Rica avec le Territoire de Zaguates. Et je veux montrer que cela est aussi possible en France ». Rémi Gaillard tient à rassurer, il y aura différents espaces dans ce parc. « Je ne vais évidemment pas mettre un caniche avec un rottweiler. Je ne suis pas con ! Mais je trouve complètement stupide d’enfermer un caniche dans une cage et mettre un rottweiler dans la cage d’à côté ». Pour faire taire les éventuelles critiques en amateurisme, Rémi Gaillard rétorque : « je suis spécialisé dans la connerie ; mais pour les animaux je dois demander aux autres pour savoir si mes rêves sont possibles. J’ai des idées, et après je vais voir des spécialistes, vétérinaires, comportementalistes… »

« Au-delà des espaces de liberté pour chiens et chats abandonnés, il y aura aussi un sanctuaire pour animaux de ferme, une clinique vétérinaire, un paddock paradise pour chevaux rescapés… Il s’agit aussi d’un espace pour les humains avec du coworking, une salle de spectacle, éloignée des animaux, pour accueillir les artistes.

Cela vaut 5 millions, la Région a trouvé le terrain, le but est aussi d’aller chercher des investisseurs privés. Et j’en ai déjà trouvé un. Philippe Ginestet, le patron de Gifi, m’a appelé hier pour me confirmer son soutien« .

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♦ Chasse et corrida peuvent-ils cohabiter avec la protection animale ?

Au-delà de la création d’une délégation, du soutien à la création de refuges ou du projet de Rémi Gaillard, nous avons souhaité questionner Agnès Langevine sur la cohérence du plan NOE et le soutien à la chasse ou la corrida. « Nous sommes une majorité large, les positions individuelles comme de partis sont différentes. Par contre, les dispositifs régionaux d’aide sont assez clairs. Sur la corrida ou la tauromachie, il n’y a aucune subvention versée à des manifestations avec mise à mort. Les corridas ou élevage de taureaux destinés à la corrida ne sont pas éligibles. En revanche, via le plan Camargue, nous accompagnons les traditions taurines sans mise à mort ou les courses de chevaux ». 

France, Perpignan, 2021-07-30. Illustration, Since 26 July, the Brigitte Bardot Foundation has put up more than 900 signs in the main towns and departments where bullfighting is practised. However, the signs installed in the town of Beziers have visibly annoyed Robert Menard. The mayor of the town, who is close to the Rassemblement National, responded to the actress with a polemical poster "With matadors, Brigitte has not always said no". Photograph by Arnaud Le Vu / Hans Lucas.
France, Perpignan, 2021-07-30. Illustration, Depuis le 26 juillet, la Fondation Brigitte Bardot a installe plus de 900 panneaux sur les principales ville ou departements ou se pratique la corrida. Or, les panneaux installes sur la commune de Beziers ont visiblement agace le Robert Menard. Le maire de la ville et proche du Rassemblement National a repondu a l actrice avec une affiche polemique "Avec les matadors, Brigitte n a pas toujours dit non". Photographie de Arnaud Le Vu / Hans Lucas.

♦ Si pour la corrida la position est ferme, le soutien à la chasse paraît plus épineux

Agnès Langevine rappelle qu’au niveau national le message est flou avec une volonté de faire des chasseurs des acteurs à part entière de la défense de la biodiversité. Preuve s’il en est la création de l’Office français de la biodiversité né de la fusion entre l’Agence française de la biodiversité et de l’Office français de la chasse. « La Région ne finance pas tout ce qui peut contribuer à l’acte de chasse. Mais évidemment, s’ils nous aident à restaurer les zones humides, c’est aussi parce qu’ils y ont un intérêt et qu’ils y chassent ». Pour Agnès Langevine, les mentalités évoluent. Et les politiques publiques ne soutiennent plus les chasseurs en tant que chasseurs ; mais seulement pour leur rôle dans la protection de la nature ou la biodiversité.

Pour Agnès Langevine, la sortie publique de Willy Schraen* qui revendique « son plaisir dans l’acte de chasse » plutôt que la régulation des espèces, traduit le glissement des politiques publiques. Selon la vice-présidente, « il y a des chocs de culture entre ceux qui sont rentrés dans le principe de régulation des espèces et de la nature, et ceux qui revendiquent la chasse pour la chasse« . 

Rémi Gaillard fervent soutien de Carole Delga déclare quant à lui. « Avec Carole Delga, je ne parle plus de ces sujets, c’est bien trop politique. Je pense que déjà si elle nous aide avec Anymal, c’est toujours ça de pris pour les animaux. Et les choses avancent quand même, mais cela prend du temps« .

Bretagne illustrations

*Willy Schraen est Président de la fédération nationale de chasse. Il déclarait au micro de RMC “Moi mon métier c’est pas chasseur, j’en ai rien à foutre de réguler”. Précisant prendre seulement “du plaisir dans l’acte de chasse”.
*Photo de Une issue de la banque d’images Scopio, Credit Sofiia Potanina 

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Maïté Torres