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Désindustrialisation, exode rural, quels territoires se dépeuplent en Occitanie ?

Images archives ariège campagne

Article mis à jour le 20 juillet 2023 à 15:36

Certains territoires d’Occitanie ont vu leur population terriblement chuter depuis 1968. Il y a deux raisons principales à cela : la disparition de nombreuses exploitations agricoles familiales et la fin de certaines histoires industrielles. Conséquence ? Un chômage disparate dans ces bassins de vie.

63 bassins de vie, sur les 215 qui composent l’Occitanie, sont en déclin démographique

En 1968, ces 63 bassins de vie, sur les 215 qui composent l’Occitanie, comptaient 788.000 habitants. Ils n’étaient plus que 645.000 en 2016 ; signe d’un déclin démographique tandis que la région connaissait un fort dynamisme démographique. Ils sont situés au sud du Massif Central, dans l’Aubrac, dans les Cévennes, en Margeride, dans les Pyrénées mais aussi à l’ouest du Gers.

Ces territoires ont également vu leur population vieillir plus rapidement ; les jeunes étant partis vivre ailleurs pour les études ou le travail.  En effet, l’emploi y a fortement baissé ce qui amenuise les chances de pouvoir rester vivre sur place.

Première cause des pertes d’emploi ? La disparition de nombreuses exploitations agricoles

Ce phénomène a eu un gros impact puisque, bien souvent, plusieurs générations habitaient dans les fermes. L’arrêt, total ou partiel, des établissements industriels dans les mines ou des secteurs comme le textile ou la métallurgie, a également réduit le nombre de travailleurs ; de façon plus localisée mais aussi et surtout, plus brutale. Certains artisans et commerçants ont dû fermer leur boutique faute de clients dans les villes et les campagnes moins peuplées. L’arrivée de cadres, d’employés et de travailleurs de professions intermédiaires n’a pas pu compenser ces pertes d’emploi ; mais elle a permis de répondre aux nouveaux besoins de l’économie.

Depuis 1968, 78% des emplois liés à l’agriculture (exploitants ou ouvriers agricoles) ont été supprimés dans les territoires en déclin en Occitanie. Cette tendance se confirme dans le reste de la région et du pays. Avec l’arrivée de technologies plus performantes et la modernisation du travail, les petites exploitations familiales qui associaient culture et élevage ont disparu. Immanquablement, le besoin de main-d’œuvre se fait plus rare.

Un grand changement concernant le rôle et l’emploi des femmes

Elles étaient nombreuses à aider les hommes sur l’exploitation. Elles sont devenues, année après année, moins indispensables à la ferme et plus à l’extérieur ; et, par conséquent, plus autonomes économiquement. Dans les territoires en déclin d’Occitanie, les femmes étaient 95% à travailler sur l’exploitation en 1968. Elles n’étaient plus que 47% en 2008. Ce changement s’est fait progressivement jusqu’en 1982 puis plus rapidement ensuite.

Il en est de même pour les enfants des exploitants. Nombre d’entre eux ont quitté le foyer familier pour s’installer ailleurs. En revanche, les parents sont majoritairement restés vivre sur l’exploitation. Cette tendance n’est pas propre à l’Occitanie puisque toute la France a connu ces mêmes changements. Mais ils ont eu des conséquences plus importantes en Occitanie. 

En 1968, 80% des effectifs autour de Trie-sur-Baïse étaient liés au domaine agricole, 75% à Marciac, et un peu plus de 70% à Alban et l’Isle-en-Dodon. 5 décennies plus tard, ces fiefs de l’agriculture sont toujours les mêmes ; mais elle ne mobilise plus que 21% des effectifs à Marciac et un peu moins de 30% à Alban et Trie-sur-Baïse.

Mines, extraction, métallurgie, la fin de certaines histoires industrielles

La seconde cause de la baisse d’emploi dans les bassins en déclin est la fermeture de vieilles industries. 37.000 emplois d’ouvriers non agricoles ont été supprimés en cinquante ans : fin des mines de charbon à Carmaux, de l’extraction de fer et de zinc à Amélie-les-Bains, arrêt de la métallurgie à Decazeville, de la production d’aluminium à Marignac… Mais aussi fermeture d’usines dans le secteur du textile, de l’habillement et de l’industrie du cuir. 

Les territoires en déclin ont perdu 9.000 postes d’artisans, de commerçants et de chefs d’entreprise. C’est tout le commerce traditionnel qui est nécrosé ; sans oublier le développement de la grande distribution. Pour répondre aux besoins d’une économie plus tertiaire, le nombre de cadres a augmenté ; tout comme celui des employés et des professions intermédiaires.

Toutefois, dans les zones en déclin démographique, l’emploi garde une forte tendance agricole (12% des emplois contre 3% dans le reste de la région) et est souvent peu qualifié. 

Dans les bassins en déclin démographique essentiellement agricoles, le chômage est plutôt bas. La régulation du marché du travail s’est opérée par le départ de ceux qui n’ont pas repris l’exploitation. On y dénombre souvent moins de 10% de chômeurs ; et parfois même moins de 5%. En revanche, dans les territoires où l’industrie a disparu (anciens bassins miniers ou métallurgiques et territoires anciennement spécialisés dans l’univers du textile), le taux de chômage est au plus haut : plus de 20% à Bessèges, Amélie-les-Bains ou encore Lavelanet.

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Pauline Garnier