Article mis à jour le 5 septembre 2022 à 16:15
Ce jeudi 8 avril, la présidente de la Région Occitanie, Carole Delga, a signé une charte, « un pack collectif » avec les 6 enseignes de la grande distribution. Objectif ? « Dire oui aux produits d’Occitanie » et accroître le nombre de produits régionaux dans les rayons des grandes surfaces. Avant la crise sanitaire, et selon une étude de la Chambre de commerce et d’Industrie, 72% des courses alimentaires se faisaient auprès des acteurs de la grande distribution.
♦ Du « Made in Local » dans les rayons pour les consommacteurs
La crise sanitaire a accéléré plusieurs tendances de fond : celle de la digitalisation de la consommation, le plébiscite des drives, mais aussi la demande croissante de produits locaux. Une demande qui s’exprimait déjà lors de la consultation citoyenne menée par la Région en 2018. À l’époque, « 45% des répondants faisaient tout à fait attention à la provenance ou l’origine des aliments au moment des repas ». Un gage de « manger sain » pour ces habitants de la Région.
La crise sanitaire a accéléré cette tendance et les acteurs ont mis en place des outils, comme des plateformes de vente directe producteur/consommateur. Encore fallait-il apporter une réponse aux 70% de consommateurs qui achètent en grande surface.
« Si les producteurs de la région tentent de s’adapter et de répondre à la demande locale via la commercialisation en circuits courts, les chaînes d’approvisionnement, de stockage et de transformation ont montré des failles », argumente Carole Delga.
D’où la volonté de la Région de signer cette charte avec les acteurs majeurs de la grande distribution dans la Région. Non seulement pour accroître la présence de produits locaux dans les rayons, mais aussi pour favoriser la juste rémunération des producteurs. Les grandes et moyennes distributions : un marché de géant à optimiser pour les producteurs locaux. C’est le pari de la région.
Selon la consultation de 2018 : « Pour 96 % des répondants, il est important d’avoir une alimentation qui permette aux producteurs de percevoir des revenus décents ; et de garantir un juste salaire à chaque professionnel de l’alimentation. 92 % des répondants déclarent qu’ils privilégieraient les aliments produits en Occitanie s’ils étaient facilement identifiables ».
♦ Un dialogue à quatre têtes pour du local dans les rayons
L’enjeu affiché est clair : apporter des solutions à ces clients désireux de consommer local. « Un travail commun avec les enseignes est indispensable pour atteindre l’objectif que nous nous sommes fixés, poursuit la présidente de région. Rendre accessible à tous l’achat local, de qualité et de saison ».
Et Carole Delga de poursuivre son soutien envers ces acteurs économiques de poids. Elle se livre sur un souvenir de crise : « Il y a un an pile, des suites des fermetures des restaurants et autres, nous nous sommes retrouvés avec des surplus agricoles conséquents. Au bénéfice d’une solution, pour éviter les gaspillages, nous nous sommes corrélés en urgence avec les réseaux de la grande distribution ».
Il faut dire que les six grandes enseignes partenaires du projet, représentent, combinées, 87% de ce marché en Occitanie. Un rapprochement entre politiques et géants de la distribution ? Quid du commerce de proximité ? Des producteurs ?
Pour Carole Delga, « il est tout à fait possible de concilier commerce de proximité et la grande distribution ». Grégory Vouters, administrateur national de la Coopérative Système U d’insister : « Nous, on n’oppose pas les gens. Une partie de l’alimentaire se vend en grande surface, une partie en commerces spécialisés, une autre en commerce de plein vent, et c’est très bien comme ça. Nous n’avons nullement l’ambition de vider les marchés ! »
D’après la région, un dialogue à quatre têtes s’est engagé dès 2019. « Dix-huit mois de concertation avec les enseignes de la distribution, les partenaires du monde agricole et agroalimentaire, et des représentants des consommateurs ont permis la co-construction d’une Charte d’engagement pour une distribution durable en Occitanie ».
♦ Une charte réfléchie en trois priorités
« La charte commune est signée pour une durée de trois ans, détaille Carole Delga. « Elle est construite autour de trois thèmes ». Renforcer l’approvisionnement et les rendre plus visibles et plus accessibles ; assurer un cadre commercial favorable du producteur au distributeur ; répondre aux attentes sociétales sur l’environnement
Parmi les 10 engagements :
- Accroître d’au moins 10 % par an le nombre de produits et de fournisseurs régionaux référencés dans les magasins. Aujourd’hui, plus de 1 000 producteurs régionaux sont référencés dans certaines enseignes de la grande distribution ;
- Augmenter d’au moins 5 % le chiffre d’affaires sur les produits régionaux ;
- Augmenter la visibilité des produits régionaux dans les rayons avec une signalétique spécifique pour l’ensemble des enseignes ;
- Favoriser la constitution de nouvelles filières régionales.
Un comité de suivi devra associer « les partenaires de la Charte et les représentants de la grande distribution. Il sera mis en place pour coordonner les actions communes à l’ensemble des acteurs, définir les éléments constitutifs de communication et mutualiser les démarches« .
♦ Rien ne vaut un bon showroom pour du réseautage
Autres moyens d’action en vue de la mission ? Des showrooms régulièrement organisés pour mettre en relation les entreprises agricoles et agroalimentaires avec les enseignes partenaires. « En 2019, 309 entreprises du territoire ont ainsi participé aux différents showrooms« , réfère la Région.
Et de poursuivre par quelques chiffres : « En 2019, 3.756 opérations de promotion dans 1.706 points de vente en grande distribution ont été organisées par Ad’Occ ; dont 202 en Occitanie ». Ces actions ont généré un chiffre d’affaires de 14,8 M€. « Soit une augmentation du nombre d’actions de plus de 11 % par rapport à 2020 et de plus de 16 % du chiffre d’affaires ».
Mais quels sont donc les objectifs à venir concernant ces mises en relation vendeur-acheteur ? « Aboutir à la contractualisation de nouveaux référencements de produits dans la durée », espère Carole Delga. « Mais [elles] permettront aussi aux producteurs de participer aux opérations de mises en avant prévues sur l’été 2021 ».
♦ Comment faire « matcher » les supermarchés, le numérique et le local ?
La pandémie a convaincu les plus récalcitrants à investir encore plus les offres numériques. Parmi elles, les courses en drive ou en livraison proposées par les grandes surfaces. Les produits régionaux font-ils bon ménage avec le numérique ? Peut-on mettre suffisamment en avant le produit sur un écran ?
Les acteurs de la charte sont confiants et rappellent quelques chiffres concernant le drive. « Avant la pandémie nous étions en moyenne à 2% du chiffre d’affaires », commente Mathieu Cazaux, chef d’entreprise Intermarché. « Aujourd’hui nous sommes à 6%. On s’attend à atteindre les 10% d’ici peu ». Et de persister : « Dire que les produits locaux ne fonctionnent pas avec le drive est une fausse idée. C’est même plus facile pour nous, en ligne, de les mettre en avant ».
♦ La grande distribution en Occitanie en chiffres
- Plus de 2000 magasins (hyper, supermarchés et supérettes) ; soit 10% du total national de la branche.
- La grande distribution emploie 3,7% des emplois salariés de la Région, soit 58.726 personnes.
- 1er secteur en matière de recrutement de jeunes sans qualification.
- 70% du marché alimentaire régional.
♦ Les signataires de la charte
Auchan Retail – Casino – Carrefour – Système U – E.Leclerc – Intermarché – La Chambre régionale d’agriculture Occitanie – le Réseau régional agroalimentaire AREA – la Coopération Agricole Occitanie – le Centre technique régional de la consommation d’Occitanie – Interbio – l’Irqualim – Ad’Occ.
// Sur le même thème :
- Cap D’ona à Céret | Un projet d’envergure pour le brasseur du cru
- Grand Entretien avec Auchan – Quel avenir pour l’hypermarché de Perpignan Porte d’Espagne ?
- Pourquoi et comment s’initier au circuit court dans les Pyrénées-Orientales ?
- Désindustrialisation, disparition d’exploitations agricoles – Quels territoires se dépeuplent le plus en Occitanie ?
- Confinement – Travailler et soutenir le milieu agricole des Pyrénées-Orientales ? C’est possible !
- Épargne participative régionale | Prêt à investir dans une entreprise locale comme Payote ?