Article mis à jour le 23 juin 2024 à 10:27
Depuis ce vendredi 10 février, le président du gouvernement catalan Pere Aragonès dirige l’espace de coopération entre la France et l’Espagne. Pour Carole Delga, présidente de l’Eurorégion Pyrénées-Méditerranée jusque-là, et à la tête de la Région Occitanie, l’Eurorégion est «le bon échelon pour répondre aux défis du siècle». Crédit photo de Une : Lydie Lecarpentier.
Parmi les compétences de l’Eurorégion, le développement d’activités économiques, la préservation de l’environnement, le soutien à la culture et à l’innovation entre l’Occitanie, la Catalogne et les Îles Baléares. Des champs d’action larges, mais qui montrent leurs limites face aux visions nationales des États.
L’Eurorégion impuissante face aux passages frontières fermés
En tant que collectivité de coopération entre la France et l’Espagne, l’Eurorégion n’a pas la compétence pour peser sur les passages fermés par la France depuis octobre 2020. Dans les Pyrénées-Orientales, c’est le Col de Banyuls fermé depuis 2 ans qui mobilise. Mais à travers toute la chaîne des Pyrénées, pas moins de 9 passages sont à ce jour fermés. Carole Delga et Pere Aragonès ont largement évoqué cette problématique qui selon l’État français serait une mesure de sécurité nationale.
Pour répondre à l’un des arguments avancés par les autorités françaises du manque d’effectif et l’alerte terroriste, le président de la Generalitat, Pere Aragonès, a proposé l’aide de la police régionale catalane, les Mossos d’Esquadra. Bien qu’ils n’aient pas compétence en matière frontalière, Aragonès a rappelé qu’en tant que police catalane, elle peut contribuer à réduire les risques potentiels que la France perçoit. De son côté, Carole Delga considère qu’il «n’y a aucune raison pour qu’ils restent fermés».
Pere Aragonès et Carole Delga ont tous deux exprimé le souhait d’une «circulation fluide» entre les villes des deux pays. Demande, à ce jour, restée sans réponse du côté des autorités françaises. L’État et son représentant dans le département, le Préfet Rodrigue Furcy justifient le maintien de cette fermeture pour des raisons de sécurité, de lutte contre les trafics et contre l’immigration clandestine.
Rosario Sanchez Grau (Îles Baléares), Pere Aragonès (Catalogne) et Carole Delga (Occitanie) ©️ Lydie Lecarpentier
La présidence catalane de l’Eurorégion pour atténuer les effets du changement climatique et promouvoir le Catalan et l’Occitan
Ce vendredi Pere Aragonès a rappelé l’importance de lutter ensemble contre le changement climatique et de garantir les droits linguistiques des Catalans et des Occitans. Selon le président de la Generalitat, l’Eurorégion est devenue «l’écosystème d’innovation le plus important du sud de l’Europe».
Pere Aragonès a annoncé qu’il prenait la relève de Carole Delga dans le but de travailler ensemble sur une problématique qui touche particulièrement les trois territoires de la région : le changement climatique. Le président catalan a rappelé qu’il s’agit «d’un défi mondial» mais qu’il est nécessaire d’y apporter «une réponse commune». Le chef de l’exécutif catalan a rappelé qu’il faudra combattre ensemble «les déchets déversés dans la mer». Un autre des défis que devra relever Pere Aragonès est la transformation du modèle productif pour l’amener à être «plus durable, résilient et neutre en carbone».
Il a également rappelé qu’en 20 ans d’existence, l’Eurorégion était devenue l’écosystème le plus important du sud de l’Europe qui attire investissements et talents. Pour le Catalan, il faut que ce chemin parcouru contribue à un modèle de production plus durable et à l’approche sociale.
Sur la feuille de route du nouveau président de l’Eurorégion, la diversité linguistique et culturelle. Le concours d’influenceurs en langues catalane et occitane organisé depuis l’Eurorégion est l’un des outils pour faire avancer l’occitan et le catalan dans les trois territoires concernés. Questionnée sur les difficultés que connaît l’association La Bressola à Perpignan, Carole Delga a rappelé les limites en matière linguistique. Même si la présidente de la Région Occitanie a insisté sur sa volonté de garantir aux étudiants la possibilité d’étudier en catalan «à tous les stades de l’enseignement». Idem du côté du président catalan qui a regretté que le gouvernement français ne leur permette pas d’influer sur l’enseignement linguistique immersif dans les écoles. Selon Pere Aragonès, cette position est l’une des raisons de la faible connaissance du catalan dans la Région contrairement à d’autres territoires, où l’enseignement est dispensé aussi en catalan.
Projet de création d’une macro-région
Au-delà du rayonnement qu’a actuellement l’Eurorégion, l’Occitanie, les Baléares et la Catalogne veulent l’étendre en créant une macro-région. Il y en a actuellement quatre en activité : la Baltique, le Danube, l’Adriatique et l’Alpine. Cette macro-région devrait inclure d’autres territoires de la mer Méditerranée pour «répondre de manière coordonnée aux défis environnementaux, sociaux et culturels», comme l’a détaillé Carole Delga.
En 2024, l’Eurorégion aura 20 ans et Pere Aragonès a rappelé le rôle de Pasqual Maragall sur ce projet. Ce dernier avait «une vision stratégique de la participation de la Catalogne à l’Europe». Le président catalan assure que le bilan de ces 20 années «est positif» car il a été possible de travailler en coopération sur plusieurs projets en matière culturelle, éducative et de recherche.