Article mis à jour le 17 avril 2024 à 18:35
L’association Vélo en Têt appelle à une manifestation à vélo samedi 25 novembre entre Perpignan et Cabestany pour réclamer des aménagements cyclables sécurisés. Le collectif dénonce un manque de volonté politique dans le département. Photo © Anna Margueritat / Hans Lucas.
« On aimerait juste le respect de la loi »
La voix de Rémy Soulié, membre du bureau de l’association Vélo en Têt est teintée d’agacement quand il déroule les raisons de la colère : « on aimerait juste le respect de la loi, c’est-à-dire quand il y a des réfections de voiries qu’il y ait une vraie réflexion sur l’aménagement vélo. On est dans un pays qui a des objectifs ambitieux pour 2024-2025 et il ne se passe rien chez nous. C’est rageant de voir que la qualité des aménagements ici reste très très médiocre. »
La loi mobilité vélo de 2019 préconise en effet qu’à « l’occasion des réalisations ou des rénovations des voies urbaines (…) doivent être mis au point des itinéraires cyclables pourvus d’aménagements prenant la forme de pistes, de bandes cyclables, de voies vertes, de zones de rencontre. »
Tout est parti de travaux prévus à Cabestany sur l’avenue François Mitterrand qui doit être entièrement refaite d’ici l’été prochain
Selon Vélo en Têt et un collectif local, la mairie n’a pas souhaité profiter du chantier pour réaliser une piste cyclable sécurisée. Les cyclistes ont donc décidé de manifester leur mécontentement à vélo, en ralliant Cabestany depuis Perpignan samedi 25 novembre. Le départ est donné à 10H30, à vélo donc, depuis le parc Saint-Vicens, côté avenue Mermoz. L’occasion aussi de faire entendre un ras-le-bol plus général au sujet des installations cyclables dans le département : pistes sur les trottoirs, manque de sécurité, problème de vitesse des automobilistes… Autant d’indicateurs qui découragent les habitants à sauter le pas du vélo au quotidien pour Rémy Soulié : « toutes les études montrent que les gens veulent des aménagements pour pouvoir se déplacer en sécurité. » L’association a également mené sa propre enquête auprès des travailleurs de l’hôpital de Perpignan, avec des résultats similaires.
Dans une lettre adressée aux élus de tous bords et aux médias, Vélo en Têt déplore le manque de communication entre les institutions : « chaque communauté de communes, chaque commune, chaque unité institutionnelle fait son petit schéma cyclable dans son coin, il n’y a aucune concertation pour connecter les aménagements cyclables entre eux. Par exemple, c’est ce qui fait qu’il n’y a, que de depuis très récemment, un bout de piste cyclable qui arrive à Elne, sinon c’est un îlot. »
Des aménagements de loisirs non adaptés aux déplacements du quotidien
Rémy Soulié fait la différence entre les aménagements de loisirs, comme les voies vertes, et les pistes cyclables utilisées pour les déplacements quotidiens dits pendulaires, qui se résument souvent aux trajets domicile-travail. « Les voies vertes, c’est très sympa pour le week-end, mais il y a souvent peu de connexions au réseau routier. La plupart des réalisations faites par le comité départemental sont des aménagements de loisirs qui ne sont pas superposables aux grands axes de déplacements pendulaires du type domicile-travail. Par exemple, l’Agouille del Mar (entre Saint-Cyprien et Bages, ndlr) traverse le département d’est en ouest, alors que la majorité des flux domicile-travail sont plutôt nord-sud. »
Le militant enrage aussi contre la communication de la mairie de Perpignan, qui vante depuis plusieurs années ses 220 km de pistes cyclables : « le linéaire d’équipement est le moins bon indicateur d’un schéma cyclable. Des petits bouts à droite à gauche, ça ne sert à rien » explique Rémy Soulié. Le collectif Vélo en Têt pointe régulièrement le cas des pistes cyclables sur les trottoirs, signalées par « un simple coup de peinture », à l’encontre des recommandations officielles du Cerema, l’établissement public qui accompagne l’État et les collectivités territoriales pour l’élaboration, le déploiement et l’évaluation de politiques publiques d’aménagement et de transport.
« L’agglo » semble pourtant s’être récemment saisie de cette question. Elle propose une aide de 250 euros pour l’achat d’un vélo neuf jusqu’au 31 décembre et a organisé des événements de sensibilisation comme « Tous à vélo ! » en septembre dernier. Mais Rémy Soulié déplore que l’équipe chargée de ces questions n’ait que « peu de poids politiquement. »
Le collectif de cyclistes réclame ainsi la création d’un comité de pilotage des infrastructures de mobilité active, la réalisation d’un schéma de mobilité à l’échelle départementale, mais aussi la formation des équipes techniques et un meilleur entretien des aménagements. Autant de mesures essentielles selon l’association si le département veut répondre aux objectifs du gouvernement, notamment celui de faire du vélo une alternative attractive à la voiture individuelle.