Article mis à jour le 28 août 2022 à 17:52
C’est la dernière ligne droite avant la fin de la campagne officielle ce vendredi 19 juin à minuit. Les écuries s’activent pour valoriser leur candidat. Ce 15 juin, impossible de faire un pas sur un marché, sans croiser les militants ceints des couleurs de leur candidat respectif. Nous avons suivi l’un d’entre eux, Jean-Paul Garraud, candidat Rassemblement National à la présidence de la Région Occitanie. L’ancien député Les Républicains, devenu eurodéputé avec le soutien de Marine Le Pen et Louis Aliot, était en Conflent. De Prades, ancien fief de Jean Castex, à Villefranche-de-Conflent, en passant par le train jaune et la RN116, le candidat soutenu n’a manqué aucun des symboles de ce canton.
♦ Rendez-vous matinal à la gare TGV de Perpignan pour prendre le TER à 1 euro
En face du siège de la communauté urbaine de Perpignan, nous rejoignons l’équipe de Jean-Paul Garraud qui sirote un café. Pour Jean-Paul Garraud, depuis le 19 mai et la réouverture des cafés, la campagne est plus agréable. « On en avait assez de manger des sandwichs ». Avant de monter dans le TER, en direction de Prades, il est temps pour Xavier Baudry et Sophie Blanc, conseillers régionaux sortants et candidats avec Jean-Paul Garraud, de poser devant le TER. Une petite photo qui alimentera les réseaux sociaux des candidats. Nous voilà confortablement installés dans un TER climatisé et face au candidat RN pour 43 minutes de voyage sans encombre. 43 minutes où l’ancien magistrat se pliera à l’exercice des questions-réponses.
♦ Un déplacement de campagne à peu de frais
Une dizaine de tickets à 1€, pas de quoi grever le budget de campagne du candidat Jean-Paul Garraud. Nous questionnons ce dernier à propos du billet à 1€ et de son maintien s’il devient président de la région Occitanie. « Si le voyageur ne paye que 1€, il y a bien quelqu’un qui paye et c’est le contribuable. Pour moi ce billet à 1€, c’est surtout de la com pour Madame Delga. Elle présente la mesure pour favoriser le tourisme, sauf qu’il n’y a pas que des touristes qui profitent de ces tarifs. J’ai rencontré des gendarmes et des policiers qui me disent qu’en été, il y a toute une population qui arrive sur les côtes en provenance des quartiers un peu difficiles. Ce qui a pour effet de déplacer les questions d’insécurité ».
Nous relançons le candidat, les habitants de ces quartiers populaires ne pourraient-ils pas se mélanger à ceux du bord de mer ? Jean-Paul Garraud de préciser précipitamment : « Je parle de gens animés, de mauvaises intentions, je ne parle pas des gens populaires ». À nouveau, le candidat précise, « nous souhaitons mettre une sorte de conditionnalité au billet à 1€. Pour les travailleurs ou les étudiants par exemple ».
Quand nous lui faisons remarquer que parmi ceux qui se rendent sur les plages grâce au ticket à 1€, il y a des étudiants, ou des lycéens, Jean-Paul Garraud rétorque et conclut : « Moi je, je ne veux pas d’un système sous perfusion. […] Je suis un libéral, oui. Mais pas comme Emmanuel Macron. Lui, c’est la mondialisation, moi je considère qu’il faut privilégier les produits de notre région ».
♦ Après le TER, le Train jaune, la RN116 et le marché de Prades
Parmi les dossiers portés par la Région, il y a le train jaune, et la Route Nationale 116. Cette route nationale dont les coupures et les déviations font régulièrement la une des médias locaux. Lors du dernier déplacement dans le département de Jean Castex, le Premier ministre, a annoncé céder la gestion de cette route, vitale pour les habitants des hauts cantons, à la Région. Le candidat à la Région a profité de ces symboles du Conflent pour faire de belles images de campagne.
« Un accueil plus frais sur le marché de Prades que celui de Perpignan ». Cette remarque d’un membre de la délégation de Jean-Paul Garraud, évoque plus l’accueil des Pradéens que la fraîcheur de cette journée caniculaire. Xavier Baudry de se précipiter pour faire remarquer que l’accueil était bien meilleur que celui qui leur avait réservé en 2015, lors de la dernière élection régionale.
Sur le marché de Prades, une quinzaine de bénévoles frontistes a rejoint Jean-Paul Garraud et sa délégation. Au total, ils sont plus d’une vingtaine, tract de campagne régionale et départementale en main, à interpeller les passants. Certains militants se cassent les dents sur nombre de touristes de passage dans la Région. Quelques passants prennent poliment le dépliant programmatique, d’autres le refusent sans montrer, à quelques exceptions, d’animosité particulière, et beaucoup le prennent avec plaisir.
♦ Les sondages donnent Garraud perdant au soir du second tour de l’élection régionale
Le candidat se montre critique vis-à-vis des résultats des sondages du second tour… Mais pas vis-à-vis des sondages du 1er tour. « Je suis passé de 16% à 30, puis 31, voire 33%. Avouez que la progression est spectaculaire. Mais pour le second tour, il y a un truc qui est complètement faussé. Dans la vraie vie, quand on va voter au second tour, on connaît le résultat du premier. Tout va dépendre du cas de figure qui se présentera le 27 juin prochain. Je peux me retrouver en tête-à-tête avec Madame Delga. Il peut y avoir une triangulaire, 4 ou 5 listes présentes au second tour. Parce que mêmes les écolos pourraient être présents au second tour. Moi ce que je cherche à faire comprendre c’est qu’il ne faut pas diviser la droite face à une gauche qui n’existe plus au niveau national ».
♦ L’épouvantail de l’extrême droite* récusé par Jean-Paul Garraud
Même s’il n’a pas pris sa carte au parti de Marine Le Pen, il insiste. « Le Rassemblement National n’est pas d’extrême droite, je ne suis pas d’extrême droite et les jeunes qui sont avec moi, non plus. C’est un terme très péjoratif, je préfère l’expression la droite nationale. Continuer à utiliser ce terme contribue à jouer sur les peurs. Faire en sorte qu’il y ait un rejet et que les gens aient peur. C’est d’ailleurs une façon d’inciter les gens au front républicain, dont les gens ne veulent plus ».
Parmi les militants qui nous ont rejoints à Villefranche-de-Conflent, est présent un cadre territorial, ancien militant impliqué chez Les Républicains. Pour lui, « aujourd’hui, le Rassemblement National c’est la droite ». Avant de poursuivre, « oui, il y a 30 ans il y avait des extrémistes au RN, mais plus aujourd’hui ».
♦ « Sarkozy nous avait promis le Karcher, mais n’a jamais branché le tuyau » dixit Mariani
Jean-Paul Garraud affiche sa nostalgie vis-à-vis du programme du candidat Sarkozy en 2007 : « Moi et nombre de Français avons été déçus par ce qu’il a fait après son élection. Comme disait Mariani, on avait annoncé le karcher, mais on n’a jamais branché le tuyau« . Thierry Mariani et Jean-Paul Garraud étaient députés durant la mandature de Nicolas Sarkozy sous les couleurs de l’UMP devenus Les Républicains. « En interne, nous l’avons très mal vécu. Il a aussi commencé à nommer des gens de gauche sous prétexte d’ouverture. Et on savait que ces gens-là (Bernard Kouchner, Fadela Amara, Frédéric Mitterrand ) allaient trahir à la première occasion ». Jean-Paul Garraud de reprendre à son compte les paroles de Patrick Devedjian (NDLR Ministre sous l’ère Sarkozy). « Il faudrait déjà que l’ouverture aille jusqu’aux Sarkozystex ».
Une ressemblance avec les ralliements de certaines personnalités de gauche durant cette campagne ? Jean-Paul Garraud réfute catégoriquement la comparaison. « Ah non ! Dans mon cas ce sont des gens de conviction ». Un casting de la part de celui qui est pressenti en tant que Ministre de la justice de Marine Le Pen en cas de victoire en 2022 ? « Non, ce n’est pas moi qui suis allé les chercher, c’est eux qui nous ont rejoints. Alors oui, c’est aussi une ouverture. Mais cela correspond à une évolution de la société en général. Des politiques eux-mêmes et d’une volonté de rencontre sur des valeurs communes ».
♦ À propos de ces candidats qui se sont vus retirer le soutien du RN ?
À propos d’extrémistes, nous questionnons Jean-Paul Garraud sur les profils des candidats présentés par le RN. La presse s’est fait l’écho de plusieurs candidats au profil chargé (propos racistes, antisémites, violences conjugales, adeptes de plaisanteries plus que douteuses…). Pour Jean-Paul Garraud, « cela peut arriver compte tenu des milliers de candidats. Mais quand cela est avéré, ils sont immédiatement exclus ». L’ancien magistrat de rétorquer, cela peut aussi arriver à l’extrême gauche, mais il y a un moindre retentissement médiatique ».
Nous interrogeons Jean-Paul Garraud à propos de l’absence de réaction aux propos de Julien Odoul, tête de liste pour la région Bourgogne-Franche-Compté. Pour rappel, le journal Libération a publié un enregistrement dans lequel on distingue la voix du conseiller régional RN. Sur la bande sonore, on entend Julien Odoul demander « Est-ce qu’il s’est pissé dessus ? […] Est-ce que la corde est française ? » à un collègue qui explique qu’un agriculteur s’est pendu « au faîtage de son hangar »… « Je ne sais pas exactement ce qu’il s’est passé. Il semblerait qu’il ait lui-même porté plainte pour diffamation. Je ne sais pas s’il a vraiment tenu ces propos, mais si ces propos sont avérés et en rapport avec les agriculteurs, c’est évidemment scandaleux et inadmissible ».
♦ Jean-Paul Garraud en tant que président d’Occitanie ferait-il voter le soutien à SOS Méditerranée ?
« Non ! Mais pas seulement cette subvention, toute subvention qui serait à visée idéologique. En réalité, Carole Delga encourage les pompes aspirantes à l’immigration illégale. Si des malheureux se retrouvent au milieu de la Méditerranée, c’est à cause de ces pompes aspirantes. Parce qu’on leur promet un eldorado. Ils prennent tous les risques et on les jette entre les mains des passeurs. Moi évidemment j’arrêterai tout ce qui peut encourager cette immigration illégale. C’est clair, net et précis ».
Le candidat n’hésite pas à utiliser l’expression très controversée « Français de souche » : « Il y a des gens qui viennent pour essayer de profiter d’un système social ou pour se faire soigner gratuitement. Et oui, je l’affirme, il y a un lien entre immigration illégale et délinquance. Il n’y a pas de chiffres. Mais je le constate, avec des crimes très graves commis par des gens qui sont arrivés illégalement en France. […] Alors oui, il y a aussi des Français de souche qui sont de grands délinquants, et j’en ai rencontré en tant que juge d’instruction, mais malgré l’absence de chiffres, j’appréhende une situation dans sa totalité ».
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