Article mis à jour le 13 décembre 2023 à 12:21
Pour célébrer sa réouverture, le musée Rigaud se met à l’heure de Versailles et propose une nouvelle exposition « Portraits en majesté » du 26 juin au 7 novembre 2021. L’exposition a un but : valoriser – grâce à un rapprochement inédit – les trois artistes français François de Troy, Nicolas de Largillierre et Hyacinthe Rigaud. Le parcours est conçu sous forme d’îlots, plongeant les visiteurs dans une ambiance intimiste ; à l’image des pièces d’un hôtel particulier, comme celui du musée de Perpignan.
Une histoire de portraits
Les trois artistes, de Troy, Largillierre et Rigaud, avaient la même vision du portrait. Pour eux, il s’agissait d’une création d’art total qui défiait l’environnement dans lequel il était accroché ainsi que ceux qui le regardaient. Le trio d’artistes présentés lors de cette exposition a eu une importance considérable dans l’élévation du genre du portrait à sa forme plus artistique. Jusqu’au XVIIe siècle, le portrait n’était qu’un genre secondaire. Son importance est notamment due au développement de la société de cour. Le portrait devient alors esthétique ; mais aussi un vecteur d’expression picturale et poétique.
L’Ancien Régime a été marqué par une distinction nette entre hiérarchie des genres artistiques et hiérarchie des goûts. La hiérarchie des genres plaçait la peinture d’histoire comme genre noble par excellence. Le portrait ne venait qu’au deuxième rang. La spécialité d’un peintre déterminait son ambition artistique et sociale. Le portrait est le genre emblématique de la société d’Ancien Régime. Il permettait de représenter et de visualiser les héros vivants de la grande geste aristocratique. Les meilleurs peintres étaient alors sollicités par la bourgeoisie pour réaliser des portraits royaux et aristocratiques.
Nicolas de Largillierre (1656-1746). La marquise de Noailles et ses enfants,1698. Collection particulière. Photo © Château de Parentignat / David Bordes.
Trois artistes mis à l’honneur
De Troy, Largillierre et Rigaud ont un parcours similaire. Ils font partie de cette période de transition très créative, à cheval sur deux siècles, marquée par la diversité des influences reçues et les solutions proposées. Ces peintres ne peuvent ni être identifiés ou restreints à un règne. Bien que fréquentant les mêmes milieux, chacun disposait des faveurs de certains clients : la famille royale pour de Troy et Rigaud, les cours de Saint-Germain et de Sceaux pour de Troy, les échevins de Paris pour de Troy et Largillierre.
Ces portraitistes sont devenus, chacun leur tour, directeur de l’illustre Compagnie. Leur succès est dû à leur talent, mais pas seulement. L’absence de concurrence dans le genre du portrait a permis à De Troy, Largillierre et Rigaud de répondre aux fortes demandes dans ce domaine tout en s’exprimant de façon assez libre.
La querelle du coloris qui a marqué le dernier tiers du XVIIe siècle en France a su redonner ses lettres de noblesse au portrait. Le portrait était capable de rendre les chairs vivantes et les tissus tactiles. Le portrait pouvait donc être apprécié autant pour celui ou celle qu’il représentait que pour ses qualités picturales. Pour cette exposition, le visiteur sera d’ailleurs accueilli par les autoportraits de Rigaud et Largillierre.
Ces trois artistes semblent donc très proches dans l’art du portrait mais sont, pourtant, bien différents. François de Troy pourrait être qualifié de « précurseur sensible », Nicolas de Largillierre « d’inventeur audacieux » et Hyacinthe Rigaud « d’orchestrateur magnifique ». L’exposition permettra de découvrir leurs particularités et l’expression de leur art.
Atelier de Hyacinthe Rigaud, (1659-1743). Réplique du Portrait de Louis XIV en grand costume royal, 1701-1702. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. Photo © RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Christophe Fouin.
Une expérience digitale inédite
À l’occasion de cette exposition, une expérience digitale inédite sera proposée aux visiteurs à la fin du parcours. Elle permettra, grâce à la technologie de la réalité virtuelle, d’entrer dans une troisième dimension du portrait de Louis XIV peint par Rigaud. Le visiteur pourra, grâce à un casque sans fil de nouvelle génération, remonter le temps, observer et même devenir acteur de la séance de pose du monarque devant l’artiste. C’est une réelle immersion qui sera vécue grâce au travail de Pascal Raimbault. Le Roi Soleil semblera être aux côtés des visiteurs. Une restitution modelée, pixel par pixel, permettra d’atteindre le plus haut niveau de véracité, et ce, dans les moindres détails.
L’installation sera visible de la rue grâce aux vitrines de la Galerie de Lazerme. Une volonté d’éveiller la curiosité des passants et de convaincre le public de pousser les portes d’un musée.
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