Article mis à jour le 25 août 2022 à 18:43
La course à la présidence de région est bien lancée. Si du côté d’Europe-Ecologie Les Verts, Antoine Maurice a été intronisé candidat pour « L’Occitanie Naturellement », le Rassemblement National a lui aussi choisi son champion – Jean-Paul Garraud – qui affrontera la présidente sortante, la socialiste en tête des sondages, Carole Delga.
En attendant, Antoine Maurice – qui a terminé trop court à 4.262 voix près aux Municipales de Toulouse derrière Jean-Luc Moudenc – déroule les axes de son programme. Après un premier volet concernant le territoire et la santé, le Toulousain veut s’attaquer au collectif. Les associations locales en ligne de mire. Le candidat écologiste a dévoilé lors d’une conférence de presse les premières lignes de son projet. L’occasion aussi de revenir sur les dissensions entre Europe Écologie Les Verts et les Socialistes ; tant au niveau des Départementales que des Régionales. Le scrutin repoussé pour cause de crise sanitaire devrait se tenir les 13 et 20 juin prochain.
♦“Faire collectif est primordial actuellement” dixit Antoine Maurice
Le candidat écologiste tient à exprimer son soutien au monde associatif régional dont Il dresse un portrait élogieux. “10% des associations actives françaises se trouvent en Occitanie”. Un chiffre qui avoisine les 150,000 ; avec la culture en tête de classement, suivie du sport, et des activités diverses de loisir. “5,6% d’entre elles sont des associations environnementales ». Bien au-dessus des 4% de moyenne nationale.
Antoine Maurice réitère sa motivation de cultiver le terreau associatif par l’argument économique. D’après le candidat, les associations emploient 1 salarié sur 10. Un chiffre qui placerait, dans ce domaine, l’Occitanie en 2ème position à l’échelle nationale. “Mais le nombre de ces emplois n’évolue plus et la crise actuelle les fragilise. Les associations souffrent davantage ».
♦ Protéger les associations via un plan à trois niveaux
Le Toulousain rebondit sur le programme de sa liste « L’Occitanie Naturellement ». “Nous voulons porter le secteur associatif régional. Faire du collectif est primordial dans la situation que l’on traverse”. Il développe en trois points : la revitalisation de la vie associative, la relation avec les collectivités, ainsi que la consolidation des emplois. Et détaille :
- Encourager la formation des dirigeants
Outre la formation des dirigeants, Antoine Maurice veut favoriser la féminisation de ces instances. « La mixité est une richesse… Il faut travailler autour des processus qui empêchent les femmes de prendre les places qui leur reviennent au même titre que les hommes. La charge mentale est différente et nous devons le prendre en compte »
- Le soutien financier et le lien avec la Région
Le candidat écologiste « veut sanctuariser les subventions. Non pas pour les utiliser comme une béquille, mais pour revitaliser les associations ». La sécurisation financière favoriserait les initiatives de long terme. Antoine Maurice déplore que « la Région fonctionne trop souvent par le biais des appels à projet. C’est bien. Mais c’est ponctuel. Et donc ça fragilise certaines associations ». Le candidat s’engage à la mise en place « d’une charte entre les associations et la Région ».
- 15 millions d’euros* dédiés à la création d’emplois associatifs pendant la mandature
Il faut encourager les emplois associatifs : « Ce dispositif financier pour l’emploi leur permettra de se concentrer sur le cœur de leur projet, avec les métiers adéquats. Je veux encourager des groupements d’employeurs de proximité, pour réhumaniser les fonctions supports, et lutter contre l’emploi partiel subi ».
♦ Quid des repas végétariens dans les lycées d’Occitanie ?
Grégory Doucet – maire écologiste de Lyon – a décrété un « menu unique sans viande, pour pouvoir servir plus rapidement les élèves, et fluidifier les repas ». Une décision effective depuis une semaine, dans les écoles lyonnaises, mais dénoncée par la droite à l’échelle nationale. Branle-bas de combat : la polémique est née, comme le décortique France Info.
Antoine Maurice, interrogé sur la question, réitère son soutien à son confrère de parti. Il dénonce « une instrumentalisation des assiettes de l’enfant faite de manière déplacée par certains politiques. La proposition n’est pas une position idéologique« . Les écoliers lyonnais mangeront toujours des oeufs et du poisson, comme le détaille, à France Info, l’adjointe chargée de l’Éducation : « Ce n’est pas un menu végétarien« .
Le candidat toulousain de se projeter à l’échelle des lycées d’Occitanie. « Il y a une logique partagée (…) qui vise à développer une alimentation moins carnée et plus végétarienne. Pourquoi ne pas penser un à deux repas végétariens dans la restauration scolaire ? Il ne s’agit pas d’opposer la viande de nos éleveurs à l’alimentation végétarienne. Pourquoi ne pas manger moins de viandes, pour s’assurer que celles que nous proposons soient locales, et de meilleure qualité ? »
♦ Des querelles politiciennes pour des politiques d’élections
La fin d’année 2020 laissait déjà présager un ex-futur mariage entre verts et socialistes. Comme évoqué en décembre dernier, Agnès Langevine a été mise sur la touche par son propre parti politique. La vice-présidente d’Occitanie, et candidate EELV aux municipales de Perpignan a été accusée d’une trop grande proximité avec la ligne politique de la présidente socialiste, Carole Delga.
Idem à l’échelle du département des Pyrénées-Orientales. Au conseil départemental, les discussions étaient en cours entre la majorité de gauche, la présidente socialiste Hermeline Malherbe et les écologistes du département. L’objectif de ces discussions : porter une feuille de route commune, sociale, et écologiste. Mais les négociations semblent s’être grippées. Relire notre article sur le sujet.
Interrogé sur cette actualité catalane, Antoine Maurice répond par la « subsidiarité. Un principe interne à notre parti et que je trouve sain. Chaque niveau d’élections décide de sa stratégie ». Selon lui pas de corrélations, donc, entre ces mésententes. « Notre cadre national nous définit les limites de nos positionnements : par exemple, aujourd’hui, nous ne pouvons pas avoir d’alliance avec La République En Marche, et a fortiori, avec la droite et l’extrême droite. Je fais confiance aux adhérent.es des Pyrénées-Orientales pour choisir la voie la plus à même de porter l’écologie au sein du conseil départemental ». L’entêtement, à tort ou à raison, serait-elle la faiblesse d’Europe-Ecologie les Verts à l’échelle locale ?
♦ Le Rassemblement National donné deuxième aux Régionales
Jean-Paul Garraud a été nommé tête de liste du Rassemblement National pour les élections régionales. L’eurodéputé proche de Louis Aliot, et ancien UMP, est l’incarnation du rassemblement des droites voulu par le Maire de Perpignan. Jean-Paul Garraud a été préféré à Julien Sanchez, maire de Beaucaire et président du groupe RN à la Région.
Pour Antoine Maurice, « le casting importe peu. Le projet est la question centrale. Que ce soit Jean-Paul Garraud ou Julien Sanchez, ils portent, l’un comme l’autre, un projet raciste et d’une extrême droite rance. Ils opposent les habitant.es et c’est un danger pour notre vivre-ensemble dans la Région ».
À ceux qui choisissent le bulletin RN pour exprimer leur ras-le-bol, Antoine Maurice répond qu’il faut une autre politique. « Les politiques traditionnelles ont toutes échoué face aux inégalités sociales, à la perte de biodiversité, ou au dérèglement climatique. L’écologie est un projet qui peut fédérer et amener d’autres réponses à cela« . Et de conclure : « Combattre l’extrême droite reste pour nous une priorité. Nous avons les moyens et nous nous les donnerons pour le faire ».
♦ Selon les sondages, Carole Delga conserverait la Région
Dans un sondage Ifop-Fiducial, pour Sud Radio et datant de mi-janvier, la liste de Carole Delga (PS alliée PC et PRG) est donnée vainqueur du premier tour à hauteur de 25%. Jean-Paul Garraud (RN) caracole en deuxième place avec 16% d’intentions de vote. Suit le candidat LREM-MoDem et maire de Balma, Vincent Terrail-Novès, avec 12%.
Entre EELV et PS – que ce soit pour les Départementales ou les Régionales – éviter les alliances dans des seconds tours en présence du RN semblent compliqué.
*Calcul en premières estimations. Le candidat Antoine Maurice espère ainsi « créer une centaine d’emplois associatifs, à terme, ou permettre d’en pérenniser« .
**Elections régionales et élections départementales – Des modes de scrutins différents
// La politique des Pyrénées-Orientales :
- Frédérique Lis | Les grands entretiens politiques des Régionales en Pyrénées-Orientales
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- Stéphane Loda | Les grands entretiens politiques des Régionales en Pyrénées-Orientales
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