Article mis à jour le 28 octobre 2024 à 13:13
En Occitanie, la crise sanitaire a détérioré le marché du travail déjà marqué par un taux de chômage élevé depuis plusieurs années. Le confinement mis en place au printemps 2020 a notamment eu un impact conséquent sur l’activité économique. Mais tous les territoires de la région ne sont pas égaux face à cette situation. Il en est de même pour la reprise d’activité au moment du déconfinement. Ces disparités se perçoivent aussi bien dans l’évolution du taux de chômage que dans celle des demandeurs d’emploi.
♦ Taux de chômage, demandeurs d’emploi : comprendre de quoi on parle
Le taux de chômage est une statistique économique exprimée en % qui représente la part des chômeurs dans la population active (population en âge de travailler et qui travaille ou souhaite travailler). Deux organismes estiment les chiffres du chômage en France. Pôle emploi communique les chiffres des demandeurs d’emploi inscrits dans ses agences chaque fin de trimestre ; des chiffres ventilés dans différentes catégories. De son côté, l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE) publie tous les trimestres un taux de chômage issu d’un sondage effectué sur 110.000 personnes.
Existe-t-il une différence entre ces 2 chiffres ? Oui ! Les chiffres de l’INSEE sont calculés selon la définition du terme chômeur par le Bureau international du travail (BIT). Ce sont les seules données internationalement reconnues. Un « chômeur au sens du BIT » n’est donc pas forcément inscrit à Pôle emploi ; et un « chômeur inscrit à Pôle emploi » ne répond pas toujours aux critères du BIT.
♦ La zone d’emploi de Toulouse : en première ligne face à la crise
Fin 2019, dans la zone d’emploi de Toulouse, le taux de chômage s’élevait à 7,9% de la population active ; un taux proche de la moyenne nationale malgré les nombreuses créations d’emploi. Cela s’explique par l’attractivité résidentielle : les nouveaux habitants passent généralement par une période de recherche d’emploi au moment de leur installation. Le dynamisme de la métropole toulousaine se diffuse aux zones de Montauban et d’Albi, proches géographiquement. Leur taux de chômage était inférieur à la moyenne nationale puisque l’emploi progressait à un rythme soutenu.
La crise sanitaire s’est répercutée sur cette zone, très dépendante de la filière aéronautique. 17% des emplois dans la zone de Toulouse font partie des secteurs les plus impactés ; principalement dans la construction aéronautique. Celle-ci étant au ralenti, les activités d’ingénierie et de programmation informatique qui y sont liées, ont connu, elles aussi, des difficultés.
Sur ce territoire, entre septembre 2019 et septembre 2020, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A, B et C progresse de 20% dans les métiers de l’industrie et de 40% dans ceux de l’informatique et des télécommunications. Ces hausses sont deux fois plus fortes qu’au niveau national. Dans ces deux domaines, la demande d’emploi progresse fortement chez les jeunes, notamment chez les ingénieurs.
La zone de Toulouse a également enregistré des hausses du nombre de demandeurs d’emploi dans d’autres domaines ; tels que le transport, le commerce, le bâtiment et les travaux publics ainsi que dans les métiers de la communication et des arts et du spectacle. Le nombre de demandeurs d’emploi a augmenté de 8,3% en un an. Le taux de chômage atteignait 9% au troisième trimestre 2020.
♦ Littoral – Un taux de chômage élevé avant la crise, mais stable par la suite
En Occitanie, le chômage était plus présent dans les zones du littoral méditerranéen. Dans les zones de Montpellier et de Nîmes, 10,9% de la population active était au chômage au quatrième trimestre 2019. La croissance de l’emploi y est pourtant dynamique ; mais pas suffisante pour faire face à l’attractivité résidentielle. Les zones de Sète, Béziers, Narbonne et Perpignan se retrouvent dans la même situation, avec un taux de chômage qui avoisinait ou dépassait 12% fin 2019. Les zones d’Agde-Pézenas et d’Arles, dans sa partie occitane, affichaient les taux de chômage les plus élevés de la région et France métropolitaine, avec respectivement, 15,2% et 14,2%. Ces mauvais chiffres s’expliquent par la saisonnalité du marché de l’emploi, qui offre peu de débouchés durant la basse saison.
Dans ces zones, exceptée celle d’Agde-Pézenas, la hausse du chômage et celle de la demande d’emploi semble plus contenue. Les zones de Béziers, Perpignan et surtout Narbonne, ont pu profiter de la reprise du tourisme à l’été 2020. Le nombre de demandeurs d’emploi dans le secteur de la restauration et de l’hôtellerie augmente moins que sur l’ensemble de la région. Le choc de la crise est plus atténué.
En revanche, la zone d’Agde-Pézenas, très dépendante du tourisme, enregistre la plus forte proportion d’emplois de la région dans les secteurs les plus affectés par la crise (19%). C’est également dans cette zone que la progression du chômage est la plus élevée. La demande d’emploi est supérieure à la moyenne nationale. La saisonnalité de l’emploi est très importante et dépendante de la présence des touristes.
♦ Des territoires inégaux face à la crise
Depuis 2015, la nette accélération des créations d’emploi avait permis d’enregistrer une diminution de taux de chômage de 2,4 points dans la région fin 2019. La totalité des zones d’emploi de la région était concernée par cette baisse. La crise a interrompu cette dynamique encourageante. Dans la région, comme en France métropolitaine, le taux de chômage a augmenté de 0,7 point en un an. La part de la population active au chômage atteint désormais 10,5% en Occitanie, contre 8,8% au niveau national.
Face à la crise, des inégalités territoriales ont surgi. La hausse atteint 2 points dans la zone d’Agde-Pézenas et 1,4 point dans celle de Tarbes-Lourdes. Elles font partie des dix zones d’emploi métropolitaines où le chômage augmente le plus. Le marché du travail se dégrade dans les zones où le chômage était inférieur à la moyenne régionale.
Dans le même temps, les hausses sont plus limitées dans les zones où le taux de chômage était déjà élevé ; en particulier sur le littoral. Les différences entre les zones de la région sont la conséquence de la spécialisation sectorielle de leur tissu productif, plus ou moins exposé à la crise. Les secteurs les plus fragilisés par la crise sont ceux des activités de services (transports, hébergements, restauration…) et d’activités industrielles de construction ferroviaire et aéronautique. Par conséquent, les territoires les plus dépendants de ces secteurs ont été les plus touchés par la crise.
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