Article mis à jour le 28 août 2022 à 18:19
Lenteur administrative, psychose de la mise au placard, manque de transparence, embauche médiatique, concentration du pouvoir, mainmise sur les réseaux sociaux. Les rumeurs vont bon train sur la mairie de Perpignan depuis l’arrivée de Louis Aliot dans le fauteuil de premier magistrat. Made In Perpignan a donc tenté de démêler le vrai du faux parmi ces rumeurs ; parfois avec succès, et parfois sans.
Mais comment savoir ce qui se passe derrière les murs de la place de la Loge ? Le citoyen a-t-il même le droit de savoir ; ou, tel Total ou Lactalis, le fonctionnement interne ne regarde qu’élus et agents ? Le vote aux municipales est-il un blanc-seing pour 6 ans sur la base d’un programme bousculé par la Covid ? À défaut de pouvoir consulter certaines données légalement accessibles à chaque citoyen depuis 2018, nous avons posé certaines questions. Ah, ces journalistes avec leurs questions…
♦ L’audit financier, une priorité depuis … 2014
Lors d’une interview à nos confrères de France Bleu Roussillon, Louis Aliot – alors en campagne pour l’élection municipale de 2014 – répondait sur sa première mesure en cas de victoire. « Ma première décision sera de faire réaliser un audit par un cabinet extérieur de l’ensemble des services et des comptes de la mairie ». Cette priorité Louis Aliot nous l’avait confirmée lors d’un entretien en juillet 2020. « Les audits seront en septembre ; ça prend du temps juridiquement ». Des audits qui mettront à jour selon le maire « les gros cadavres dans les placards ».
Analyse prospective, marges de manœuvre, politique tarifaire, cette inspection de la mairie devient l’alpha et l’oméga ; le fondement qui permettra de construire une nouvelle politique pour Perpignan. Alors où en est ce dossier ? Nous avons posé la question à Stéphane Babey, directeur de cabinet de Louis Aliot. « C’est en cours, il va sans doute démarrer en février » ; justifiant le temps nécessaire par « des délais de procédure », « un cahier des charges à caler », « un ciblage des besoins ».
Dans sa volonté d’action politique, le nouveau maire semble confronté à la réalité administrative. Lancé du 24 novembre 2020 au 4 janvier 2021, « l’appel d’offres porte sur les comptes de la ville de Perpignan et l’un de ses établissements publics ; à savoir la régie du Palais des Congrès et des Expositions ». Le cahier des charges octroie au prestataire retenu pour les analyses – rétrospectives et perspectives – 52 jours pour la réalisation à compter de la notification du marché.
Pas de baguette magique, Louis Aliot semble à l’étroit dans le costume du maire normal. Le rapport d’audit arrivera sur son bureau un an après son élection. Il faudra encore attendre pour les cadavres dans les placards.
♦ En parlant de placards
Louis Aliot avait annoncé, qu’après sa victoire, suivrait la Pax Romana*. Quand certaines sources nous évoquent une chasse aux sorcières, d’autres témoignent d’un maire à l’écoute et dans le dialogue.
Ainsi, une source proche de la mairie nous partage : « Les adjoints centralisent le fonctionnement. Pour résumer, parfois, les cadres doivent passer par les élus pour écrire à leurs propres fonctionnaires de service. […] C’est logique : Louis Aliot a fait toute sa carrière au sein d’un même parti politique. Ce qui donne un certain nombre de réflexes. Mais quand ce parti politique est le RN, les réflexes de paranoïa sont terribles ». Autre signe d’un changement des procédures (ou signe des temps) ? Les parapheurs à destination des maires de quartiers doivent désormais être tous validés par le cabinet de Louis Aliot.
Nous avons interrogé Stéphane Maroselli représentant le syndicat Force Ouvrière ; syndicat majoritaire à la ville de Perpignan.
Le syndicaliste parle sans crainte, et réfute une quelconque chasse aux sorcières. « Certes au lendemain de l’élection certains agents qui avaient fait la campagne pour Aliot ont tenté des représailles vis-à-vis de ceux qui avaient fait la campagne de Jean-Marc Pujol. Mais il a été mis bon ordre à cela ». Et depuis aucun agent n’a remonté de problème auprès du syndicaliste.
Qu’en est-il des directions ? Selon le syndicaliste, il est tout à fait normal qu’après 60 ans d’une même ligne politique, le nouveau maire décide de changer quelques hommes clés. D’autant, d’après Stéphane Maroselli, que les directeurs de services étaient politisés pour la plupart. « Mais cela s’est fait en douceur, il n’y a eu aucune mise au placard » ajoute-t-il, précisant être vigilant sur le sujet. « Nous sommes beaucoup dans le dialogue avec le maire. Ce dernier a fait le tour de l’ensemble des services à son arrivée pour se faire une idée. Autre exemple, alors que la loi autorise maintenant le maire à décider seul des avancements, Louis Aliot a fait le choix de maintenir le syndicat à la commission ad’hoc. » Le syndicaliste évoque également le gain de cause obtenu sur une avancée réclamée de longue date ; celle des « tickets restos ». Un coût supplémentaire pour la mairie de 900.000 euros.
♦ Une charte de la courtoisie en mairie de Perpignan
Alors quelle est l’origine de cette ambiance si particulière ? Selon un document interne à la mairie de Perpignan signé par Louis Aliot, « sous la pression du quotidien, peuvent se propager dans notre mairie des ambiances délétères se traduisant parfois par des manquements à la courtoisie la plus élémentaire ». Le Maire a donc demandé que soit affichée sa charte de la courtoisie ; « pour susciter la réflexion » autour du respect, de la confiance et la bienveillance.
Cette charte compile une quinzaine de commandements ; allant de la bienséance (du plus simple bonjour aux formules de politesse) au respect des espaces de travail. Louis Aliot met également l’accent sur le respect « de la vie privée et le droit à la déconnexion », ainsi que sur la fin de certains comportements. « Respecter les travaux confiés aux autres, ne pas bouleverser les priorités ou ne pas les interrompre incessamment par de prétendues urgences. Ne pas confier de travaux la veille au soir pour le lendemain matin, ou le vendredi soir pour le lundi matin. » Des règles qui devront s’appliquer aux cadres, collaborateurs, salariés ainsi qu’aux élus.
♦ Ce journaliste affiché deux fois en trois jours dans la presse
De nouvelles têtes pensantes parcourent désormais les couloirs de la mairie de Perpignan. Après 17 ans de service, exit Arnaud Lebrun et place à Philippe Rouche à la police municipale. Passé par la PJ des Yvelines, Philippe Rouche devient le nouveau directeur des forces de l’ordre municipales. Pour le fauteuil de directeur de cabinet, Louis Aliot s’est adjoint les services de Stéphane Babey ; ex-directeur adjoint de cabinet de la présidente socialiste du département Hermeline Malherbe. Et au mois de février prochain, le nouveau directeur général des services Philippe Mocellin prendra ses fonctions. Rien d’exceptionnel place de la Loge.
Mais le 11 janvier, la mairie confirme l’embauche d’Arnaud Folch en tant que nouveau « dir’com ». Première grosse surprise, puisque personne, ou presque, ne s’y attendait. La nouvelle est d’ailleurs reprise par la presse nationale. Louis Aliot qui fait dans le cliché de l’extrême droite ? Le cadre frontiste prend le contrepied de l’image construite au fil des ans ; une image à l’opposé des stéréotypes du RN. Journaliste issu de l’hebdomadaire d’extrême droite Minute, Arnaud Folch a couvert la campagne de Louis Aliot pour Valeurs Actuelles – « l’hebdomadaire de la droite qui s’assume » – et dont il était directeur-adjoint. Son avant-dernier article ? Publié le 21 juin 2020, il le titrait « Louis Aliot : dynamiteur du front républicain ».
Ce 11 janvier, plus tard dans la soirée, Médiapart lâche une deuxième information : Jérôme Rivière – député européen RN et proche de Louis Aliot est l’hôte d’une soirée parisienne qui finit mal. Le parquet de Paris ouvre une enquête sur ces événements du 13 décembre dernier pour « tapage nocturne, injures publiques et menaces de mort ». Parmi les invités ? Arnaud Folch. Sa présence est confirmée le mercredi 13 janvier – via des vidéos – résume le quotidien Libération.
♦ Arnaud Folch : au service de la mairie ou du cadre Rassemblement National ?
Stéphane Babey revient sur cette embauche qui agite le Landerneau. « Nous avons sélectionné un profil comme celui d’Arnaud Folch, d’abord parce que c’est une plume de qualité« . Il s’interrompt : « Nous avons beaucoup hésité avec quelqu’un de l’Humanité » [rires de l’intéressé]. « Un bon journaliste peut faire un bon communicant. Oui, ça peut se faire. On est persuadé que là, ça le fera ! Ses capacités, et son état d’esprit, correspondent à une politique de communication au bénéfice des Perpignanais ».
Si ce dernier sera officiellement en charge de la communication institutionnelle de Perpignan, des inquiétudes pointent quant à des fins plus politiciennes au profit de Louis Aliot cadre du Rassemblement National. À défaut d’embaucher un communicant local, connaisseur du territoire et de ses enjeux, le maire aurait opté pour un proche du parti frontiste et de ses rouages ?
Concours de circonstances ? Quelques heures après ces paroles, le quotidien Le Figaro dévoile que Perpignan accueillera le prochain congrès national du RN, les 3 et 4 juillet prochains.
Une annonce qui conforte l’idée d’un Perpignan laboratoire du Rassemblement National pour le quotidien espagnol La Vanguardia. La stratégie politique ? L’union des droites.
Interrogée sur cette possibilité, notre source à la mairie réagit à chaud : « Tout cela n’est que de la communication. Arnaud Folch, ça fait dix ans qu’il répète que Louis Aliot va être l’homme de cette union des droites. C’est un plan concerté de longue date. Mais ce ne sont que des mots, répétés et répétés, encore et encore ». Et d’illustrer ses propos : « Reprenez le vote de la présidence de la communauté urbaine. Louis Aliot fait même une voix de moins que le nombre de ses propres conseillers communautaires. En d’autres termes, personne en dehors de cette liste, n’a voté pour lui. Donc l’union des droites, pour l’instant, c’est un rêve« .
♦ Les réseaux sociaux de la mairie au cœur de la stratégie de Louis Aliot
Quelle sera l’incidence de l’arrivée d’Arnaud Folch dans la stratégie de communication de la mairie de Perpignan ? S’inspirant jusque-là de Steve Bannon, un des artisans de la victoire de Donald Trump, Louis Aliot a assumé durant sa campagne sa stratégie axée sur les réseaux sociaux. « Je suis allé aux élections de mi-mandat aux États-Unis pour voir comment ils faisaient, je suis allé voir Bannon ». Le candidat se disait impressionné par le faible investissement matériel nécessaire pour atteindre des millions de personnes via Internet. En visite à Londres, le stratège américain a rencontré Louis Aliot et Jérôme Rivière pour prodiguer ses conseils au Rassemblement National. Un début d’entrevue filmé par la réalisatrice Alison Klayman dans le cadre de son documentaire « Steve Bannon, le grand manipulateur » sorti en France le 25 septembre 2019.
Cette stratégie de communication numérique s’est révélée particulièrement efficace dans le cadre des Municipales. Mais qu’en est-il depuis l’élection ? Si Louis Aliot compte des milliers d’amis virtuels sur ses réseaux sociaux, il peut désormais capter l’attention des 30.000 abonnés de la page Facebook officielle de la ville de Perpignan. Et notamment pour annoncer ses passages dans les médias nationaux.
- Le 19 décembre – « Louis Aliot maire de Perpignan était l’invité du live BFM à 12h15 ».
- Le 26 novembre – « Louis Aliot, maire de Perpignan sera l’un des invités de l’émission « Vous avez la parole » du jeudi 26 novembre 2020 à 21h00 présentée par Léa Salamé et Thomas Sotto ».
- Le 21 novembre – « Louis Aliot maire de Perpignan était l’invité du journal de TF1 ».
Sur le fil du rasoir, le maire de Perpignan partage des messages à caractère politique sur la page officielle de Perpignan.
Qui du maire du Perpignan ou du cadre RN est visé le 18 septembre dernier quand Louis Aliot se plaint de discrimination politique de la part de Carole Delga ? Mais aussi le 25 août quand il s’insurge des propos diffamatoires d’un élu du Conseil Départemental ? Le maire comme le cadre politique connaissent la puissance des réseaux sociaux en 2021.
Revirement de situation également du côté des colistiers. Finies les publications de campagne véhiculant une image dégradée de la ville de Perpignan. Depuis l’élection de Louis Aliot, quand un Perpignanais se plaint d’un défaut de propreté, les élus répondent qu’il faut les contacter plutôt que de se répandre sur Facebook. Dans ce contexte, les cris d’orfraie des frontistes qualifiant de « censure » la fermeture des comptes Facebook et Twitter de Donald Trump prennent sens.
♦ Louis Aliot et la presse : pour le meilleur et pour le pire
Réalisée en février 2020 par la Chaire Citoyenneté Sciences Po St-Germain-en-Laye, une étude comparait les audiences presse et web de Jean-Marc Pujol à celle de Louis Aliot :
- Louis Aliot bénéficiait alors de 8.400 occurrences sur les médias ou blogs ; contre seulement 659 pour Jean-Marc Pujol.
- En décembre 2019, « Louis Aliot engrange 23.248 fans Facebook [NDLR 27.418 en juin] … Jean-Marc Pujol 4.636 [NDLR 4.766 en juin]« . Sur Twitter, Louis Aliot comptait 66.500 followers contre moins de 3.000 pour son adversaire.
- L’étude analysait également les demandes faites sur Google Trends lors des cinq dernières années. « Le leader RN capitalise 47% des demandes des internautes localisées à Perpignan ; contre 30% à Jean-Marc Pujol ».
La relation de Louis Aliot avec la presse ? En soi, une relation passionnée, débordante. Ce n’est pas l’article de Paris Match, du 29 novembre 2019, qui fera dire le contraire. Friand de love story, le magazine nous dévoile que le candidat est « désormais installé à temps complet à Perpignan, où il vit avec sa compagne, artiste peintre ». Pour illustrer ces propos, un portrait photo de Louis Aliot ; tout sourire en tenue décontractée. Le candidat Aliot assume son côté médiatique. Lors d’une interview accordée à Made In Perpignan en janvier 2020, il nous avait répondu sur le thème de l’insécurité : « Je prendrai la presse nationale à témoin pour me retourner contre les manquements de l’État. […] Avec moi, l’État s’en occupera, parce que c’est moi qui le dirait. Quand Robert Ménard parle (…) – et depuis qu’on sait comment ça se passe à Béziers – il y a un suivi des faits. C’est ce qui manque à Perpignan« .
Et le maire Aliot n’a pas perdu le rythme ; bien au contraire.
Invité plébiscité par les plateaux Tv et les radios, personnalité centrale de documentaires photos, accessible ; il symbolise cet extraterrestre du Rassemblement National. Désormais, il incarne ce premier maire issu du RN à gérer une ville de plus de 100,000 habitants. Qui plus est, Louis Aliot manie l’art de l’interview. Il y est à l’aise.
« Les gens le trouvent sympathique, cordial, ce n’est pas quelqu’un d’agressif » commente, anonymement, une journaliste locale dans le numéro de décembre de la Revue Gibraltar. « Combien a-t-il fait de passages sur les chaînes info, BFM TV, CNews et LCI, ces dix dernières années ? L’ont-ils jamais mis en difficulté ? Quand les gens d’ici le voyaient sur leur écran, chacun de s’extasier : c’est Louis qui passe à la télé ! Vous pensez dans ces conditions qu’ils l’assimilent à l’extrême droite ? ». Stéphane Babey se confesse et résume : « Je crois surtout que la venue régulière de la presse nationale, à Perpignan, est du fait que le maire s’appelle Louis Aliot. On a des demandes toutes les semaines. »
♦ Ces questions stupides des journalistes
Mais tout le monde n’a pas l’aisance du grand tribun de la cité catalane. Retour fin août 2020. La nouvelle équipe municipale a été investie plus tôt dans l’été. La vraie rentrée se profile, celle de Visa pour l’Image. Car Perpignan s’apprête à recevoir la 32e édition du festival international de photojournalisme.
Lors de la conférence de presse qui se tient quelques jours avant l’inauguration, la première question s’adresse à André Bonet, adjoint à la culture : « Visa pour l’image aurait-il toute liberté désormais sur les sujets ? ». Une question sur l’éventualité pour le nouveau maire de Perpignan de s’immiscer dans la programmation du festival. La réponse d’André Bonet fut cinglante : « Cette question est totalement inutile. Nous sommes ici dans un espace de liberté et non pas dans un espace de polémique ». Un espace de liberté certes ; mais pas la liberté pour les journalistes de poser les questions qu’ils souhaitent dans un festival de photojournalisme. Le ton est donné.
Autre fin de non-recevoir, Stéphane Babey trouve incongrues certaines de nos questions ; libre à lui. Lorsqu’on lui demande si l’équipe municipale est désormais au complet, il nous répond : « Quand il sera question de le savoir, on vous le dira ». Et quels sont les changements dans la politique de communication par rapport à l’ancienne équipe ? « Vous verrez ». Ou si les projets précédents de rénovation urbaine – notamment ceux liés au quartier St-Jacques – sont annulés : « J’espère que cette question est une plaisanterie ». Sur l’évolution de la masse salariale de la mairie depuis l’élection ? Stéphane Babey avoue « ne pas savoir. Mais je peux confirmer qu’on est bien en deçà du nombre de recrutements effectués par l’équipe précédente ». Contacté à ce sujet, François Dussaubat, adjoint au maire et délégué à la Direction des Ressources Humaines n’a pas répondu à nos sollicitations.
♦ Le Perpignanais est-il face à un manque de transparence ?
Chaque citoyen de Perpignan est-il en droit d’avoir des réponses à ces questions sur la vie communale ? Ou le postulat de base est-il qu’une élection remportée équivaut à un blanc-seing pour 6 ans ? Comment peut-il s’informer de l’action municipale ? Quid du programme sur lequel le candidat Louis Aliot s’est engagé vu la période de crise sanitaire et économique ?
Le Perpignanais devrait pouvoir trouver ses réponses dans l’Open Data. Car la loi « République numérique » datant du 8 octobre 2016, publiée au journal officiel le 10 décembre 2018, « instaure l’obligation pour les collectivités de plus de 3.500 habitants et les administrations de plus de 50 agents, de publier en ligne leurs bases de données et les données dont la publication présente un intérêt économique, social, sanitaire ou environnemental. » Force est de constater que ce manquement à la loi perdure à Perpignan au-delà du mandat Pujol ; quand une ville sur deux de plus 100.000 habitants joue la carte de la transparence d’après l’Observatoire de l’Open Data.
♦ Au diable la modernité, le Civis Perpenniānum** peut se tourner vers l’opposition municipale
C’est sans compter sur la relation dégradée entre majorité municipale et les anciens compagnons de route de Jean-Marc Pujol. C’est en tout cas ce que suggère Bruno Nougayrède, conseiller d’opposition : « Elle était mauvaise et elle le reste. La majorité considère que, quand nous posons des questions sur les décisions prises, nous sommes des opposants. C’est terrible comme postulat ! ». Christine Gavalda-Moulenat*** confirme les propos de son collègue d’opposition : « Nous avons toujours l’impression que nos questions sont prises pour des agressions. Or ce n’est pas le cas, c’est notre rôle en tant qu’opposition. Louis Aliot le sait bien ; lui aussi posait des questions quand il était dans l’opposition. Nous faisons de la politique, mais nous voulons être dans une démarche constructive« .
Bruno Nougayrède de développer son constat : « À long terme, l’objectif est de nous faire taire, de nous interdire l’accès à des documents. Et sans ces documents, on ne peut rien faire. Il y a un manque total de transparence. Un exemple simple : lorsqu’on demande le budget, on ne l’a pas. Parfois, on nous demande de voter à l’aveugle, sans aucune information. Certes l’opposition n’est pas écoutée, mais je regrette qu’elle ne soit même pas entendue. Je pense que nos propositions dans certains domaines ne sont pas saugrenues.« Autre grief du conseiller municipal : les conseils de quartier qui ne reçoivent pas de membres de l’opposition. « Nous l’avons demandé, et cela nous semble légitime puisqu’il s’agit d’un conseil ; normalement, l’ensemble de la population doit y être représenté. Mais nous en avons été exclus ».
♦ Chi va piano va sano
Le recrutement de Philippe Mocellin à la mairie perpignanaise marquera le tempo de ce début d’année 2021. Cadre territorial dans plusieurs communes et intercommunalités, cet Isérois remplacera, dès le 1er février, Jean-Pierre Brousse au poste de Directeur Général des Services.
« Il sera chargé, en étroite collaboration avec le Directeur de Cabinet du Maire, de mettre en œuvre le projet de mandature de Louis Aliot, et de la majorité municipale élue par les Perpignanais », communique la mairie. « Philippe Mocellin a également piloté […] la mise en œuvre de programmes de rénovation urbaine, ainsi que de nombreux projets de développement local ».
Pourquoi cette embauche, tout comme celle du directeur de la communication, survient sept mois après l’investiture de la nouvelle équipe municipale ? Stéphane Babey – le directeur de cabinet – argumente, agacé : « La Covid-19 nous handicape beaucoup. Ça nous oblige à être concentrés sur d’autres choses de ce dont pourquoi nous avons été élus. Pour moi, il n’y a pas de retard. Nous avons eu des urgences à gérer. La situation est compliquée. En plus, nous nous installons après cinquante ans de non-changement dans cette ville. Tout est à faire en même temps. On s’est concentrés, dès le départ, sur la réorganisation de la Police Municipale, et la stratégie globale en matière de sécurité. Et c’était plus préoccupant que la communication ».
♦ Selon Christine Gavalda-Moulenat : « L’équipe municipale n’était pas prête »
Pour Christine Gavalda-Moulenat, adjointe de l’ex-maire Jean-Marc Pujol, c’est un manque de préparation. « Ça fait plus d’une décennie que Louis Aliot cherche à être maire de Perpignan. Et pourtant, on voit qu’il n’était pas prêt ». Et de questionner quant aux conséquences de ce timing : « L’arrivée du nouveau DGS, à partir du 1er février, va forcément affecter le fonctionnement en interne des cadres de la mairie. Quelles que soient les compétences de ce monsieur que je ne me remets pas en doute. Il faut du temps pour s’imprégner de tous les services, mais surtout, connaître la ville. Louis Aliot le constate. Il me donne l’impression de tâtonner encore. On voit un manque de connaissance des dossiers de la nouvelle équipe municipale« .
Stéphane Babey rétorque à la critique : « Je ne comprends pas les procès d’intention qu’il y a derrière. C’est assez marrant. L’opposition municipale s’étonne de ces embauches. On a mis six mois à trouver un directeur de communication. Mais en même temps, cette même opposition nous reproche de ne faire que de la communication. Donc il va falloir qu’on m’explique ».
Au cours de l’entretien téléphonique, le directeur de cabinet nous annoncera tout de même que deux autres audits sont planifiés ; « un audit managérial et un audit organisationnel ». Mais cela, ce sera pour un autre article … À mi-mandat peut-être ?
*La Pax Romana, expression latine se traduisant par « paix romaine », désigne la longue période de paix (du Ier siècle au IIe siècle apr. J.-C.) imposée par l’Empire romain aux régions conquises.
**Citoyen de la cité de Perpignan en latin.
***Christine Gavalda-Moulenat est présidente départementale Les Républicains, ancienne adjointe de Jean-Marc Pujol, et élue d’opposition à la mairie de Perpignan.
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