Article mis à jour le 8 septembre 2024 à 08:08
Pour ce second tour des élections municipales à Perpignan, la rédaction sort sa boule de cristal.
À 3 semaines du scrutin du 28 juin, nous vous livrons un instantané ; une projection inspirée des mois passés à l’écoute des militants lors des meetings, des candidats en conférences de presse, et des habitants dans les réunions publiques ou sur les marchés.
Entre analyse des chiffres de 2014 et du 1er tour, déclarations des acteurs politiques et décryptages des postures de Louis Aliot ou de Jean-Marc Pujol face à cette campagne inédite, nous ferons tout de même la part belle à la traditionnelle marge d’erreur. Car « Vox Dei, Vox Populi » aimait à dire un autre candidat. Réalisée grâce à la Fondation pour l’innovation politique, notre projection donne Louis Aliot vainqueur (54,05%) face à Jean-Marc Pujol (45,95%).
Un fossé entre les élections municipales de 2014 et de 2020
En 2014, Jean-Marc Pujol avait su réunir autour de lui des profils très différents ; d’Olivier Amiel, ancien proche du souverainiste de gauche Jean-Pierre Chevènement, au catalaniste Brice Lafontaine, sans oublier Romain Grau. L’ancien maire de Perpignan, Jean-Paul Alduy, avait adoubé ce dernier pour incarner sa relève. La liste composée en 2014 réunissait un large panel de profils, âges et composantes politiques.
Au contraire, en 2020, l’équipe proposée s’est resserrée autour des fidèles du maire sortant. Malgré une bonne dose de société civile, l’équipe 2020 de Jean-Marc Pujol n’a visiblement pas séduit l’électorat le 15 mars. Seulement 4.794 voix (18% des votants). En 2014, 11.617 électeurs avaient voté pour la liste de Jean-Marc Pujol au premier round.
Au premier tour de 2014, seulement 4 points séparaient Jean-Marc Pujol de son rival, Louis Aliot. Celui qui allait devenir député frontiste européen en mai disposait d’une avance de 1.332 électeurs sur le maire sortant. En 2020, celui qui passe tous les jours dans les médias nationaux cumule près du double des voix du maire.
Jean-Marc Pujol, paratonnerre malgré lui de Louis Aliot ?
Mars 2020… En position de maire sortant, Jean-Marc Pujol est systématiquement la cible de toutes les foudres. De ses anciens alliés, Romain Grau, Olivier Amiel, à ses adversaires de toujours, Agnès Langevine, Clotilde Ripoull, ou Caroline Forgues, les candidats semblent mettre tous leurs espoirs en une seconde place ; une position synonyme de duel républicain contre le favori des sondages, Louis Aliot. Jamais réellement contesté sur son programme durant la campagne électorale, ce dernier n’a plus qu’à compter les points ; évitant soigneusement les prises de position trop violentes.
Au-dessus de la mêlée, le numéro 4 du Rassemblement National se prépare au fameux duel qu’il prédit depuis les premiers jours de sa campagne. Jouant l’ouverture, il invite des figures chères à une partie de l’électorat de droite. Jean-Paul Garraud et Thierry Mariani s’affichent régulièrement à ses côtés depuis les Européennes ; tantôt en conférence en presse, tantôt en meeting. À l’occasion du match l’USAP à Béziers, c’est avec Robert Ménard qu’il foule Aimé Giral ; le maire de Béziers sera également présent à l’inauguration de sa permanence de campagne.
Le 23 septembre 2019, à l’invitation de Louis Aliot, Éric Zemmour faisait salle comble à Perpignan ; malgré la dizaine de manifestants ayant répondu à « l’appel unanime de toute la gauche ». Une trentaine de mois séparent cet événement de la contre-manifestation du 15 avril 2017 lors du meeting de Marine Le Pen ; même lieu, même parvis et des opposants désormais aux abonnés absents. Dans la salle du Palais des Congrès, une grande partie de la droite locale est venue entendre le discours de « l’ami » de Louis Aliot. Ce soir-là, les nostalgiques de la France des clochers « n’ont d’yeux que pour Éric Zemmour » ; mais Louis Aliot fait également figure d’artisan du retour de cette France perdue.
Le score de Jacques Cresta tombé dans l’oubli, mais pas son désistement…
Outre le faible écart de voix entre les deux duellistes, 2014 fut marquée par le faible score du socialiste Jacques Cresta. L’ancien député n’avait réuni que 11% des suffrages ; trop peu pour peser dans le débat. Le choix du désistement fut salué et largement suivi ; avec pour effet un maire Les Républicains qui double son score, passant de 11.617 à 21.786 voix. Un front républicain réussi, tout au moins au niveau du résultat.
Car, cette « union sacrée » des électeurs derrière Jean-Marc Pujol n’était pas un blanc seing ; tout du moins du point de vue des votants. Fort de ce résultat, Jean-Marc Pujol aborde ce deuxième mandat avec la volonté de s’en tenir à son programme électoral. Mais certains électeurs attendaient une inflexion dans sa politique ; une main tendue vers ceux qui l’avaient soutenu uniquement pour faire barrage à l’extrême droite. Une position ferme en 2014 qui pourrait peser sur l’abstention de 2020.
Depuis l’élection de 2014, Emmanuel Macron a joué le trouble-fête aux présidentielles ; et la campagne de François Fillon a viré à la Bérézina. Aux primaires, le candidat LR est arrivé en tête dans les Pyrénées-Orientales ; quand Jean-Marc Pujol a soutenu Nicolas Sarkozy.
La décomposition politique lamine la gauche, et la droite dans une moindre mesure, en 2017 ; avant que la seconde lame du rasoir ne décapite les jeunes repousses de la droite lors des Européennes de 2019. Pour rappel, le candidat du parti Les Républicains François-Xavier Bellamy n’avait obtenu que 8,48% des suffrages. À Perpignan même, le candidat du parti LR n’était arrivé qu’en 4e position. Preuve que l’étiquette Les Républicains ne faisait plus recette dans la ville de Jean-Marc Pujol.
Un Front Républicain plus suivi à gauche qu’au centre
Même si la candidate écologiste ne cite à aucun moment Jean-Marc Pujol, Agnès Langevine appelle « les électeurs.trices à user de leur vote pour confiner définitivement les ambitions du candidat du Rassemblement National et à voter pour la liste qui lui reste opposée ».
Agnès Langevine déclare « avoir peur de voir les Perpignais.es orienter leur colère et leur rage vers un choix mortel. Celui du déclin de la ville, du repli identitaire et du déconfinement de la haine. […] Il n’est donc pas question de voir la crise sanitaire, climatique et sociale que nous vivons aggravée par l’incapacité de sa gestion par le Rassemblement National. Car il est bien question de cela. »
Composante de la liste portée par l’écologiste, le parti socialiste appelle à « tout faire pour empêcher l’extrême droite de s’installer à la mairie de Perpignan ». Numéro 2 de la liste d’Agnès Langevine, Mathias Blanc déclare « qu’il est de la responsabilité de chacun.e d’entre nous d’aller voter le 28 juin pour éliminer le Rassemblement national ».
Philippe Assens, candidat France Insoumise aux dernières législatives et numéro 4 de la liste écologiste, prend ses distances vis-à-vis de la ligne commune. Son association, En Commun 6, « prend acte de la décision de retrait de la liste conduite par EELV et le PS ». Sans clarifier sa position pour le second tour, En Commun 66 renvoie dos à dos « l’extrême droite et la droite financiarisée actuellement au pouvoir » ; appellant « à la lutte et à la résistance du plus grand nombre par tous les moyens légaux que ce soit ».
D’un député à l’autre – Le grand écart des électeurs En Marche vers Louis Aliot ?
Romain Grau, député et ancien camarade de promotion d’Emmanuel Macron, déclarait dans les colonnes du Figaro : « Les scores que nous avons faits sont des scores anti-Pujol. La marche est très haute pour le maire. Même mon électorat, qui est pourtant issu de la droite, ne veut pas voter pour lui. Je ne vois pas comment tout cela peut bien se terminer ».
De la parole aux actes, le lendemain de l’abandon de Romain Grau, une de ses colistières et ancienne élue aux côtés de Jean-Marc Pujol en 2014, rejette fermement le front républicain. Josiane Cabanas publie sur son profil Facebook : « Je refuse le front républicain qui livrera cette ville soit à une gestion mortifère. […] Je voterai Aliot pour qu’il rende à ma ville dignité et fierté […] et je l’assume ».
Louis Aliot a-t-il réussi sa notabilisation ? En tout cas, il n’effraie plus les plus hauts responsables. Le 3 juin, Alain Cavalière*, ex-président du Tribunal de Commerce et numéro 3 de la liste LaREM appelle à voter Louis Aliot. « Je connais Louis Aliot, et rien dans son programme ne me semble de nature à menacer les fondements de la République. Aussi, c’est avec détermination et sans état d’âme, que je lui apporte mon soutien pour : « voir l’avenir en grand ». »
Du centre droit au centre gauche, un 28 juin synonyme de « journée de la pêche »
Certains colistiers de Romain Grau se positionnent en faveur du Front Républicain ; c’est le cas de Brice Lafontaine. « Je ne peux laisser passer la ville à quelqu’un qui est anti tout. Alors pour le peu que vaut ma voix, elle agira pour que Louis Aliot ne soit pas maire de Perpignan en votant pour la seule alternative restante ».
D’autres acteurs politiques ont choisi de quitter la vie politique ; tablant d’ores et déjà sur une victoire de Louis Aliot. C’est le cas de Fouzi Bouadi ; un ancien élu sur la liste de Jean-Paul Alduy (aux côtés de Jean-Marc Pujol), soutien de Clotilde Ripoull avant de rejoindre à la dernière minute l’équipe de Romain Grau. Sur Facebook, il déclarait le 30 mai : « Je n’ai plus l’envie de continuer avec tous ces fossoyeurs qui, dès le premier tour, ont livré Perpignan à l’extrême droite. Romain Grau et Langevine ont eu raison de se retirer. Pujol sera seul face à son bilan catastrophique et face à l’histoire. Personne ne lui servira d’alibi pour justifier son futur échec ».
Les centristes du Modem refusent aussi le front républicain. Responsable Modem 66, Guy Torreilles qualifie ce duel de « mascarade électorale à se retrouver comme en 2014 piégé dans ce vote indigne. […] Il ne peut y avoir « ni retrait, ni désistement » même républicain. […] On ne va pas choisir un maire, on nous l’impose. Quel est le pire ? Je ne sais pas, mais ce qui est sûr c’est qu’avec un des deux, on a vu ! ».
Qui prendra le contrôle du vote gitan ?
De son côté, Louis Aliot semble se rapprocher des anciens partisans de Romain Grau au sein la communauté gitane. Car les 47,4% de voix exprimées en faveur de Romain Grau au bureau N°803, bureau situé au cœur du quartier Saint-Jacques, sont à conquérir. Pour rappel, le 15 mars, le député LaREM avait réalisé un score 4 fois supérieur à celui obtenu sur l’ensemble de la ville de Perpignan (13,17%).
La communauté gitane est particulièrement prisée à chaque élection ; même si les pratiques ont atteint un paroxysme durant la campagne du 1er tour. Le député Louis Aliot n’a pas hésité à partager une publication de Lino Gimenez, dit Nounours. Une publication qui a un double avantage : celui de venir d’un des plus fervents soutiens de Romain Grau et de montrer les problématiques sécuritaires du quartier Saint-Jacques. Louis Aliot a également eu un mot à l’égard de cette communauté lors de son premier direct sur Facebook le 29 mai.
Pour l’Alternative, « aucune voix au député RN Louis Aliot »
Après sa contre-performance du premier tour, la liste citoyenne n’a pas tardé à exploser durant le confinement. Les enjeux et les divergences entre politiciens et citoyens semblent avoir eu raison de l’initiative (Relire notre article sur le sujet). Néanmoins, Caroline Forgues a pu mettre en place une agora numérique à laquelle furent conviés 275 membres. Les membres de l’alternative devaient se prononcer sur le devenir de leurs voix au second tour de scrutin.
131 personnes ont participé au vote ; un choix effectué parmi 4 propositions. La première motion (celle retenue) est le « Retrait de la liste l’Alternative ! Et pas une voix au RN ». La motion minoritaire fut celle d’un vote en faveur de Jean-Marc Pujol. Ces résultats marquent une préférence des membres de L’Alternative pour l’abstention ou le vote blanc.
Le parti communiste local est plus clair dans son analyse et dans ses consignes pour le second tour. « Barrer la route à cette mortifère éventualité ne peut se faire que d’une seule manière et ce n’est pas l’abstention… ».
De son côté, La France Insoumise se félicitait « que le retrait [NDLR de la liste d’Agnès Langevine] ne se soit pas accompagné d’un appel à un front républicain en faveur du maire sortant. C’est une formule usée qui a contribué à rehausser dangereusement le plafond de verre du Front National / Rassemblement National. »
Le Ni-Ni des colistiers « libres » de Clotilde Ripoull ?
Pour sa troisième campagne, Clotilde Ripoull n’a pas réussi à franchir la barre du second tour. En 2014, la candidate sans étiquette avait convaincu 3.646 votants ; presque 10% des suffrages. Le 15 mars 2020, son électorat a fondu de moitié.
Par ailleurs, le retrait d’Agnès Langevine l’a privée d’une éventuelle fusion de listes. Malgré des tentatives de certains de ses colistiers pour une 3e liste avec la candidate écologiste, Clotilde Ripoull doit se contenter de commenter ce retrait.
Elle renvoie dos à dos les deux listes en lice pour le second tour ; qualifiant celle de Jean-Marc Pujol de « droite extrême qui, par ses ambiguïtés permanentes, a nourri la montée du RN », et celle de Louis Aliot, « d’extrême-droite qui dissimule ses idées radicales et son étiquette. Elle divisera les Perpignanais ». Entre les deux listes, elle refuse de faire un choix. « Entre la droite extrême et l’extrême-droite , il n’y a malheureusement aucun choix possible. »
L’ancien adjoint LR de Jean-Marc Pujol, Olivier Amiel « n’appelle pas au front républicain »
Élu aux côtés de Jean-Marc Pujol durant la quasi-totalité du mandat, Olivier Amiel est devenu l’un des opposants les plus virulents du maire sortant ; rappelant qu’il souhaite « la probité, la pacification, et le progrès » pour Perpignan.
Dans ces conditions, rien d’étonnant à ce que l’ancien trésorier du parti Les Républicains refuse le front républicain. « Je n’appellerai pas à voter pour le front républicain derrière le maire sortant de Perpignan ; car il ne peut conduire qu’au statu quo et à l’entretien des pratiques et des clientèles politiques contre l’intérêt général ».
Alexandre Bolo et Pascale Advenard sont arrivés respectivement en avant-dernière et dernière position. Le premier, sans étiquette mais ancien colistier de Louis Aliot, ne se prononce pas sur un éventuel appel. La seconde déclare que le front républicain est un piège contre les travailleurs.
Les abstentionnistes seront-ils les arbitres du 2e tour ?
À Perpignan, le taux d’abstention du 15 mars fut supérieur à la moyenne nationale (60% contre 54,5%). Un signe avant-coureur que l’offre politique n’a pas su convaincre ? Seront-ils plus motivés le 28 juin ? Rien n’est moins sûr ; mais c’est peut-être dans ce réservoir de voix que se joue la victoire pour l’un des deux candidats.
L’historien et spécialiste des extrêmes droites en Europe, Nicolas Lebourg, estime également que « la participation sera la clé du scrutin. Celui qui amènera les citoyens aux urnes aura gagné ».
Dans notre projection, 5% des 40.295 électeurs absents le 15 mars iront voter pour Jean-Marc Pujol ; quand 5% choisiront de glisser un bulletin Louis Aliot. La grande majorité (90%) préférera la pêche, la plage ; ou, selon la météo du 28 juin, une série en streaming.
Notre projection Municipales 2020 : Louis Aliot 54,05% – Jean-Marc Pujol 45,95%
Tous les facteurs présentés dans ce dossier nous ont permis d’établir cette projection pour le second tour. Viennent les compléter les éléments ci-dessous :
- Les sondages de 2014 ; même s’ils avaient minimisé le score de Louis Aliot au premier tour, celui réalisé par Orange pour Le Figaro questionnait déjà l’opinion sur le report des voix au second tour.
- En 2014, les électeurs Europe Écologie Les Verts (Jean Codognès) souhaitaient voter à 52% pour le front républicain ; quand 44% d’entre eux s’abstenaient et 4% votaient pour le Front National de Louis Aliot. Pour rappel, Jean Codognès figurait en bonne place sur la liste de la candidate EELV de 2020.
- Les électeurs socialistes de Jacques Cresta pensaient reporter leur suffrage à 68% sur Jean-Marc Pujol, 5% sur Louis Aliot ; et 27% s’abstenaient. En 2014, Jacques Cresta avait retiré sa candidature au second tour pour « faire barrage au Front National ». En 2020, l’ancien socialiste était 53e sur la liste du marcheur Romain Grau.
- Les électeurs de 2014 de Clotilde Ripoull déclaraient en 2014 envisager de reporter leur voix sur Jean-Marc Pujol à 58%, Louis Aliot à 11% ; et 31% pensaient s’abstenir.
- En 2020, deux sondages, non rendus publics et réalisés après le confinement, donnent des résultats défavorables pour le maire sortant ; avec des écarts significatifs entre les intentions de vote. Ces deux sondages sont proches de notre projection actuelle.
Nous avons établi ces projections grâce à l’outil mis à disposition par la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol.org). La liste de Louis Aliot (54,05%) obtiendrait donc 43 sièges au conseil municipal de Perpignan, 12 sièges pour l’équipe de Jean-Marc Pujol (45,95%). Cette estimation est à pondérer avec les contre-arguments détaillés ci-dessous.
Une campagne inédite, sans meeting ou rencontre de terrain
Le Coronavirus et la crise sanitaire vont clairement influencer le second tour ; comme ils ont pesé sur le premier. Pour la campagne du 28 juin, les candidats devront se contenter de communications virtuelles ; ou de tracts à l’ancienne dans les boîtes aux lettres. Finis les grands meetings, où les figures nationales pouvaient venir apporter leur soutien. Tout se jouera désormais par voie de presse et sur les réseaux sociaux. Et dans ces deux aspects, Louis Aliot a clairement une longueur d’avance sur Jean-Marc Pujol.
Dirigée par Nicolas Lebourg, une e-étude publiée par la Chaire citoyenneté Sciences Po de Saint-Germain-en-Laye a analysé les occurrences des candidats dans les médias ; ainsi que leur présence dans le monde numérique (réseaux sociaux ou moteurs de recherche).
Selon l’étude « Perpignan, une ville promise au Rassemblement National ?«
- Louis Aliot bénéficie de 8.400 occurrences sur les médias ou blogs ; contre seulement 659 pour Jean-Marc Pujol.
- À décembre 2019, « Louis Aliot engrange 23.248 fans Facebook (NDLR 27.418 en juin) … Jean-Marc Pujol 4.636 (NDLR 4.766 en juin)« . Sur Twitter, Louis Aliot est surclassé ; avec 66.500 followers contre moins de 3.000 pour Jean-Marc Pujol en juin 2020.
- L’étude analyse également les demandes faites sur Google Trends lors des cinq dernières années. « Le leader RN capitalise 47% des demandes des internautes localisées à Perpignan ; contre 30% à Jean-Marc Pujol ».
Pour les auteurs de l’étude, « si chacun des candidats a sa légitimité démocratique à se présenter, tous n’auront pas le même labeur durant cette campagne pour convaincre les électeurs. […] C’est là une des clefs du prochain scrutin, qui en compte beaucoup ». Le chercheur ajoute également que « celui qui amènera les citoyens aux urnes aura gagné ».
♦ Louis Aliot « sans étiquette » pour ne pas surmobiliser contre le RN
Comme le précise Nicolas Lebourg, la clef essentielle du scrutin réside dans la capacité du candidat sans étiquette Aliot à « contenir la surmobilisation » à l’encontre de son parti le Rassemblement National. Selon l’universitaire, c’est l’une des raisons pour laquelle Louis Aliot a préféré la présence de Robert Ménard maire de Béziers à ses côtés ; plutôt qu’un grand meeting de Marine Le Pen.
On comprend dès lors l’embarras de Louis Aliot, quand le père fondateur du Front National Jean-Marie Le Pen lui apporte son soutien dans une vidéo le 28 mai. « Nous formons des vœux pour Louis Aliot qui se présente à Perpignan et qui peut donner à la droite nationale un élu de première taille ».
Questionné sur cette vidéo de Jean-Marie Le Pen, Louis Aliot déclare sur l’antenne de BFMTV : « Écoutez … Tant mieux. Tous les soutiens, d’où qu’ils viennent, me vont bien ; et il n’est pas le seul à appeler à voter pour moi. Mais vous savez, Perpignan est une ville emblématique qui a un fort électorat Rassemblement National. Et je ne vais pas me priver de ce fort électorat au prétexte que ça ne plaît pas à Pierre, Paul ou Jacques ! ».
Pour Nicolas Lebourg, Louis Aliot a réussi à « s’autonomiser de la marque RN, pour créer une marque Aliot, qui ne fait pas peur ».
Quand politique rime avec stratégie. Ce n’est pas Steve Bannon, artisan de la victoire de Donald Trump et que Louis Aliot a rencontré à Londres, qui prétendra le contraire.
Une mise en examen qui pèse peu sur l’électorat de Louis Aliot
Le sujet n’a que survolé durant la campagne. Mais le candidat et député Rassemblement National est mis en examen pour détournement de fonds publics dans l’affaire dite des assistants parlementaires européens. Ce sujet et celui de l’absentéisme de Louis Aliot en tant qu’opposant à la mairie n’offusquent guère son électorat. Ce dernier au contraire prend la défense de son champion en apportant lui-même la réponse à ceux qui l’attaquent.
Sur la mise en examen, les partisans de Louis Aliot semblent approuver l’utilisation du système européen de l’intérieur. Louis Aliot, lui-même, minimise les enjeux en déclarant que l’ensemble des partis politiques français sont concernés. Sur ce sujet, il nous rétorquait en janvier dernier : « le fond du problème est de savoir si un juge décide de ce qu’un député peut faire avec son assistant … ou pas ».
Idem pour l’absence de bilan de Louis Aliot
Car ce dernier a construit sa carrière politique dans l’opposition (Assemblée nationale, région, mairie, agglomération) ; il n’est donc comptable d’aucun bilan. Ses électeurs y voient d’ailleurs une marque de probité et une opportunité de renverser la table ; lassés par l’alternance de politiques qui, selon eux, n’apportent pas de solutions. D’ailleurs, Louis Aliot répète à l’envi les propos de certains électeurs : « on ne vous a jamais essayé, alors banco ! Ça ne peut pas être pire qu’aujourd’hui ».
Contrairement à ces paroles de sympathisants, l’équipe du maire sortant fustige son manque d’assiduité et de compétence dans la gestion des dossiers. « La compétence s’acquiert par les études, le travail, l’expérience. Monsieur Aliot sait qu’il pèche dans ce domaine. Il lui faut apprendre avant de vouloir. Cela suppose qu’il remplisse effectivement et complètement son rôle d’élu communal. Il n’est pas certain, à la lumière de ses absences régulières au Conseil Municipal de Perpignan et de sa méconnaissance des dossiers, qu’il en ait véritablement envie ».
♦ Les contre-arguments en faveur de Jean-Marc Pujol
Le candidat Les Républicains et maire sortant, déclarait dans les colonnes de l’Indépendant que son « espace est aujourd’hui supérieur à celui du RN ».
Néanmoins, « le vieux lion » ne manque pas de contre-arguments. Dans l’équipe dirigeante de la mairie de Perpignan depuis 1989, son expérience et sa connaissance des dossiers en font un excellent technicien. Qualifié de « cost killer » en 2013 par le magazine l’Expansion, il a fait du redressement des comptes de Perpignan une des priorités du mandat. Jean-Marc Pujol s’appuie sur le dernier rapport de la Cour des comptes ; un rapport dont l’opposition fait une tout autre lecture.
Selon la Cour des comptes, “le maire a structuré la conduite de son projet autour de trois axes principaux : la priorité donnée à l’investissement, la maîtrise des dépenses de personnel, et la stabilité de la fiscalité communale”.
Par ailleurs, Jean-Marc Pujol a mené à son terme plusieurs grands projets et la majeure partie de son programme électoral de 2014.
Tels que le retour d’une partie de l’université en centre-ville ou le Grand musée Rigaud… Depuis 2010, Jean-Marc Pujol a recruté un nombre important d’agents de Police Municipale. Cette dernière est passée de 70 agents en 2010, à 147 en 2020 ; faisant de la police de Perpignan, la première de France rapportée au nombre de ses habitants. Il a également fait le choix de fournir aux agents les derniers équipements de protection ou d’armement. Idem en nombre de caméras de vidéosurveillance ; la ville dénombre désormais 202 dispositifs.
Malgré cette augmentation et à la faveur de faits divers qui ont défrayé la chronique, la sécurité est LE sujet qui cristallise la campagne.
« Le maire a un très bon bilan, mais il ne sait pas le mettre en avant »
C’est en ces termes que s’est confié à nous un des membres de l’équipe municipale ; tout en se désolant de certaines erreurs de communication. Car plus à l’aise sur le fond que la forme, Jean-Marc Pujol est parfois tombé dans le piège des « petites phrases »; des citations que ses adversaires ont transformées en « Pujol-bashing ».
- Le 23 janvier, lors d’un débat organisé par Agissons en Pays Catalan, le maire candidat répond à la question de Nicolas Caudeville sur le nombre d’arbres à Perpignan. Après avoir défendu son bilan écologique, et notamment les 4.500 nouvelles plantations, Jean-Marc Pujol digresse. « Nous nous sommes aperçus qu’il y avait des zones de trafics de drogue et des endroits où les trafiquants pouvaient se cacher. Aujourd’hui, la réflexion est menée pour avoir des arbres de haute futaie, et des plantations plus basses, plus agréables ; et pour que l’on puisse avoir une intervention plus facile en cas de besoin ».
- Le 12 mars, en débat avec Mesdames Forgues et Advenard, il réalise une embardée sur le Coronavirus ; des propos identiques à ceux tenus par Donald Trump quelques jours plus tard. « Je suis assez amusé de voir que tout ce qui se passe vient d’un des derniers pays communistes ». À défaut de lui attirer les foudres de l’opinion internationale, cette remarque fit grand bruit dans la salle.
- Le 15 avril, rebelote au micro de France Bleu Roussillon : « J’invite les Perpignanais à se faire des masques eux-mêmes. Que chacun se prenne en main ». À partir de cette déclaration, le Maire n’a pu que subire ; les critiques quant à sa gestion de la crise sanitaire fusant de tous côtés, y compris dans les oppositions éteintes.
- Le 30 mai, dans un reportage pour l’émission d’Apolline de Malherbe sur BFMTV à propos du retrait des listes d’Agnès Langevine et Romain Grau, le maire s’exprime. « Nous nous étions engagés, tous les 3, à nous retirer si nous nous trouvions en 3ème ou 4ème position » ; du pain béni pour Louis Aliot invité de la journaliste.
Dans cette politique « des temps modernes » phagocytée par le superficiel, Jean-Marc Pujol arrivera-t-il à défendre le fond de son programme ?
La forte implantation de Jean-Marc Pujol dans une partie de l’électorat
Pour l’aider dans cette tâche, Jean-Marc Pujol pourra compter sur ses implantations territoriales dans et en dehors de Perpignan. En 2014, le rebond du second tour se joue à la faveur d’intenses sollicitations auprès des électeurs des quartiers ; mais aussi à une campagne de phoning d’entre-deux tours qui a permis de ramener aux urnes une partie des abstentionnistes du 23 mars 2014.
Grâce à une analyse particulièrement pointue de l’électorat bureau de vote par bureau de vote, Nicolas Lebourg déclarait que « c’est la surmobilisation de la jeunesse populaire issue de l’immigration qui a permis à la majorité municipale de l’emporter face au FN au second tour de 2014 ».
Sans oublier ses amis et fidèles tel le sénateur Calvet avec lequel le maire a fait ses armes en politique, Christian Jacob président du parti Les Républicains ; ainsi que la fédération locale présidée par Christine Gavalda Moulenat. Un cercle d’influence qu’il serait imprudent de sous-estimer ?
Droit de réponse du Tribunal de Commerce
* À la suite de la publication de notre article, le président du Tribunal de commerce nous demande de préciser que « Le devoir de réserve impose au juge consulaire de s’abstenir de faire mention de sa qualité de juge lorsqu’il exprime publiquement des opinions sur des questions politiques et des sujets de société. » .
Pour rappel, le titre de Monsieur Cavalière apparait sur les documents de campagne de Romain Grau (encore en ligne actuellement). Et par conséquent sur les articles traitant du sujet. Aucune demande de ce type ne nous avait jamais été formulée jusqu’à ce que Monsieur Cavaliere informe de son choix de se prononcer en faveur de Monsieur Aliot
- « D’une rive à l’autre », Hélène Legrais raconte l’arrivée des pieds-noirs à Port-Vendres - 22 décembre 2024
- Revue de presse du 22 décembre : Ils ont parlé de Perpignan et des Pyrénées-Orientales - 22 décembre 2024
- Tribunal de Perpignan : Arrivée de la présidente, dévoilement du projet architectural, les nouveautés 2025 - 20 décembre 2024